YémenCICR: la situation humanitaire à Aden est «catastrophique»
Le Comité international de la Croix-Rouge demande une pause humanitaire pour acheminer des secours. Un premier avion a atterri à Sanaa.

La ville d'Aden est en proie à la guerre civile.
La situation humanitaire est «catastrophique» à Aden, s'est alarmé le mardi 7 avril le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). La grande ville du sud du Yémen est le théâtre de combats quotidiens entre rebelles chiites liés à l'Iran et partisans du président yéménite soutenu par l'Arabie saoudite.
«Le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation est catastrophique» à Aden, où «la guerre a gagné tous les coins de la ville», a indiqué Marie-Claire Feghali, la porte-parole du CICR à Sanaa, la capitale. En raison des combats, la plupart des quelque 800'000 habitants «ne peuvent même pas s'enfuir».
«Des cadavres restent parfois abandonnés dans la rue, personne ne pouvant s'aventurer pour aller les retirer», relate la porte-parole du Comité international. «La situation est encore pire dans les hôpitaux». L'organisation a demandé en vain une pause humanitaire pour acheminer des secours.
Premier avion humanitaire
Un «petit avion», qui était parti du Yémen avec à son bord des travailleurs du CICR, est revenu lundi à Sanaa, la capitale, avec du personnel médical à bord, a indiqué mardi une autre porte-parole de l'institution, Sitara Jabeen.
Le CICR espère faire atterrir mercredi à Sanaa un premier avion-cargo d'aide avec à son bord 16 tonnes de médicaments chargés en Jordanie. Une deuxième cargaison de 32 tonnes pourrait suivre jeudi, selon Marie-Claire Feghali.
Le Yémen est soumis depuis le 26 mars aux raids aériens intensifs d'une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite en soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier a été contraint de quitter le pays sous la pression de ses adversaires, les rebelles Houthis alliés à des militaires restés fidèles à l'ex-chef de l'Etat Ali Abdallah Saleh.
Liaisons coupées
Outre les liaisons aériennes et maritimes désormais coupées, les infrastructures ont été sérieusement affectées par les raids et l'aggravation des combats, en particulier dans le sud. Mardi, les opérations d'évacuation se sont toutefois poursuivies.
A Sanaa, trois avions indiens ont embarqué 604 personnes, dont une centaine de Yéménites, pour Djibouti, a indiqué un responsable de l'aéroport. La marine pakistanaise a aussi annoncé l'évacuation par bateau d'une centaine de ses ressortissants et d'une trentaine d'étrangers.
Le même jour, l'aviation de la coalition a lancé des raids contre une position rebelle dans la banlieue nord d'Aden, tuant huit miliciens. Elle a aussi mené une série d'attaques contre une base militaire aux mains des miliciens houthis et de leurs alliés de l'armée dans le centre du Yémen. Deux élèves d'une école voisine ont été tués, selon le ministère de la Défense tenu par les rebelles.
Lourd bilan
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé mardi que 549 personnes avaient été tuées et plus de 1700 autres blessées en deux semaines de combats, jusqu'à la date du 3 avril. Ce bilan comprend au moins 217 morts civils et 516 blessés civils, dont bon nombre tombés lors des attentats-suicide contre deux mosquées de Sanaa, qui ont fait 137 morts le 20 mars.
De son côté, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) évalue qu'«au moins 74 enfants ont été tués et 44 blessés depuis le 26 mars». Un million d'enfants ne peuvent pas aller à l'école, selon l'organisation. Plus de 100'000 personnes ont été déplacées en raison de la guerre.
Discussions irano-turques
Le conflit au Yémen a été également au menu des discussions du président turc Recep Tayyip Erdogan, en visite en Iran. Le président, un islamo-conservateur, avait dénoncé fin mars ce qu'il a appelé la volonté de «domination» de l'Iran au Yémen et a été accusé en retour par Téhéran d'alimenter l'instabilité au Moyen-Orient.
En dépit de leur désaccord, le président iranien Hassan Rohani a affirmé après un entretien avec M. Erdogan que les deux pays étaient d'accord pour arrêter la guerre au Yémen et encourager une solution politique.