Un mort, quatre blessésCinq fugitifs dans une voiture volée: un drame de l’immigration
Le conducteur qui s’est tué dimanche matin en tentant d’échapper à la police bernoise était Maghrébin, comme les quatre passagers blessés. Un député binational est atterré.

- par
- Vincent Donzé

La voiture des fugitifs s’est écrasée contre le restaurant Bären, en cessation d’activité.
Qui sont les occupants de la voiture qui a roulé à vive allure dimanche matin devant une patrouille de la police cantonale bernoise, jusqu’à provoquer une embardée mortelle pour le conducteur à Anet? «Toutes les personnes accidentées sont de nationalité algérienne», indique le porte-parole de la police, Joël Regli, confirmant ainsi une information du «Bieler Tagblatt».
La course-poursuite entamée à Bienne s’est prolongée sur une vingtaine de kilomètres, au sud du lac de Bienne. Elle n’a pas fait qu’une victime, dimanche matin à 5 h 15: les quatre passagers sont blessés, certains grièvement. Une issue tragique qui attriste un député bernois d’origine algérienne: «Ça me fait mal», réagit Mohamed Hamdaoui (Bienne/Le Centre), atterré. Avec cette précision: «Malheureusement, ça ne m’étonne pas».
Pas dans les détails
Quels âges avaient les occupants de la voiture? Jeunes ou vieux? Hommes ou femmes? «Concernant d’autres informations les concernant, nous n’entrons pas plus dans les détails», indiquait la police cantonale bernoise. lundi et mardi.
Ce qu’a constaté le Ministère public régional Jura bernois-Seeland, c’est que le conducteur qui a fui un contrôle de police à Bienne était au volant d’une voiture volée, laquelle contenait divers objets de valeur «probablement dérobés».
Intrusion clandestine
Pour Mohamed Hamdaoui, ce drame est celui d’une frange de l’immigration. Il fait écho à un débat mené il y a deux mois au Grand Conseil bernois lors de sa session d’automne. Dans une motion urgente, le député Andreas Hegg (Lyss/PLR) demandait une réponse «efficace et durable à la criminalité autour du centre fédéral pour requérants d’asile de Lyss/Kappelen». Selon cet enseignant devenu maire de Lyss, les vols par intrusion clandestine et les dommages à la propriété se sont multipliés.
Le député Andreas Hegg a retracé le parcours des délinquants: «Leur demande d’asile refusée, ils doivent quitter la Suisse et s’opposent à leur départ ou à leur renvoi, ce qui soulève de sérieux problèmes. Ils n’ont donc rien à perdre et commettent délit sur délit, insensibles aux injonctions policières, aux décisions de justice et aux brèves incarcérations. lls font souvent preuve d’arrogance et de défiance vis-à-vis de la police».
Différents types
Dans la liste des actes punissables, le Conseil-exécutif bernois a principalement recensé des conduites inconvenantes et des lésions corporelles, souvent commises entre personnes hébergées dans les centres et sous l’influence de l’alcool. Mais un nombre «relativement restreint» de personnes commettent différents types de vols: à l’étalage, par effraction, par introduction clandestine et… par effraction de véhicule.
Les centres fédéraux d’asile comme celui de Lyss/Kappelen accueillent des requérants d’asile qui font l’objet d’une décision de renvoi et doivent quitter la Suisse. Commentaire de Mohamed Hamdaoui: «Parmi les gens qui cherchent un monde meilleur, certains ne sont guère fréquentables».
En France
De manière générale, les suspects appréhendés par la police bernoise sont mobiles et viennent, pour certains, de centres d’asile situés dans d’autres cantons. Ainsi, les occupants de la voiture accidentée ne venaient pas tous du centre de renvoi de Lyss/Kappelen.
Une petite frange d’immigrés maghrébins sont malheureusement des délinquants qui n’ont pas l’intention de prendre racine: qu’importe le sort réservé à leur demande d’asile, la plupart ont pour objectif de s’installer en France, après avoir écumé ce qu’il pouvait en Suisse pendant trois ou quatre mois.
Problème pour les autorités: en raison de la pandémie, l’Algérie a fermé ses frontières en mars 2020. Ce n’est que depuis le 1er juin 2021 qu’elle autorise à nouveau les retours volontaires. Avec le Maroc, le trafic aérien a été suspendu, avant une réouverture partielle le 15 juin 2021. «La pandémie a empêché les rapatriements dans ces deux pays durant une longue période», remarque le Conseil-exécutif bernois.
Pas tous dans le même panier
«Ouvrez les yeux! Ces immigrés en échec scolaire étaient déjà des délinquants dans leur pays!», a martelé Mohamed Hamdaoui (PDC) à la tribune du Grand Conseil bernois, avec le souci de ne pas mettre tous les Maghrébins dans le même panier.
Le 6 septembre dernier, les députés bernois ont adopté la motion d’Andreas Hegg par 104 oui et 34 non. Le Conseil d’État bernois l’a classée comme étant réalisée, mais l’accident de dimanche dernier est de nature à relancer le débat. En matière d’immigration, il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie.
Le commentaire de Mohamed Hamdaoui:

Pour le député bernois Mohamed Hamdaoui, rien ne sert de faire l’autruche.
«C’est un secret de Polichinelle: parmi ces délinquants figurent des jeunes originaires d’Afrique de Nord. Leur but est souvent d’aller en France et ils se fichent donc pas mal de la Suisse et de ses habitants. Bien souvent en échec scolaire ou social chez eux, ils ne veulent pas rentrer au bled en ayant le sentiment d’avoir aussi échoué ici. Je peux les comprendre. Alors, ils sont parfois capables de tout. C’est un immense défi».
«Le comportement criminel de quelques-uns peut entraîner d’épouvantables amalgames dont sont victimes des personnes qui n’ont rien à se reprocher et ont leur place ici. Mais se taire est encore pire. Discutez avec des policiers, des assistants sociaux ou des travailleurs de rue. Ils disent souvent ceci: «Ma vocation est de tendre la main, pas de m’y faire cracher dessus». À méditer».