MémoireComme à Limoges, Bienne avait son canard
Avec ses pieds palmés, Abdoul suivait son maître partout. C’était il y a trente ans, dans un magasin de disques devenu le bar Dan’Ton-Ku
- par
- Vincent Donzé

Alain Imer et Abdoul ont fait la «une» du Matin le… 1er avril 1991.
À Limoges (F), une femme a été vue se baladant avec un canard. Relayée par «France 3», puis par «Lematin.ch», jeudi dernier, l’information a ravivé des souvenirs à Bienne (BE): il y a trente ans, alors gérant d’un magasin de disques en vinyle, Alain Imer promenait un colvert.
Question posée en France: un canard est-il un animal de compagnie? «Aujourd’hui, j’aurais la loi contre moi et la SPA sur le dos. Mais à l’époque, on ne posait pas la question», sourit Alain Imer, un peu surpris que le canard de Limoges soit présenté comme femelle, vu son plumage coloré.
Colonie des cygnes
Lui ne tenait pas sa femelle en laisse. «Abdoul me suivait partout», indique-t-il. Son canard provenait de la Colonie des cygnes, une volière située en ville, sur un bras de la Suze. Adoptée alors qu’elle était seule et rejetée par les adultes, sans guère de chance de survie, Abdoul succédait à un premier canard offert par sa copine d’alors, en provenance d’un zoo de Crémines (BE), le Siky Ranch transformé et rebaptisé Sikypark.
«Il s’est échappé par la fenêtre de la cuisine et je ne l’ai plus jamais revu», disait Alain Imer en 1991, à propos de son premier canard, adopté parce que, dit-il, «j’adorais Saturnin», le canard caractériel d’une série de télévision française mettant en scène des animaux dotés d’une voix humaine.
Pourquoi ne pas reprendre un canard? «Jamais de la vie! Ça demande énormément de travail», répond ce tenancier allergique aux poils de chat. Ah bon? «Je la suivais avec du papier ménage, pour essuyer le parquet…», explique-t-il, en précisant que la fiente était accompagnée d’un pet facilement identifiable… Alain n’était pas du genre à confectionner des couches pour son canard, comme le fait Abigael à Limoges.

Le magasin de disques «Vinyl Overdose» est devenu le «Tiki Bar Dan’Ton-Ku».
À Limoges, Hicka le canard vit en appartement, dans un parc à bébé. «Le mien vivait principalement au magasin. Mon seul souci: ne pas l’écraser avec ma chaise de bureau à roulettes», indique Alain Imer.
«Elle mangeait de tout et raffolait de tic-tac: quand je secouais la boîte, elle sautait de joie», raconte Alain Imer, en évoquant les petites dragées italiennes à la menthe ou à l’orange. Son régime alimentaire dans un univers chauffé était… rock’n’roll: «Quand elle se baignait, elle coulait…», avoue Alain Imer, en évoquant une romance de huit ans stoppée nette par les crocs d’un terrier qui n’était pas tenu en laisse, en 1998.
«On l’a opérée, mais son cœur a lâché», souffle Alain Imer. Abdoul a été enterrée devant un chalet, quelque part au Prés-Vaillons, sur le plateau de Diesse. Son propriétaire n’est pas dupe: «Un renard l’aura croqué une heure après».

«Elle ne laisse pas les filles s’approcher de moi», confiait Alain Imer à propos de son colvert.