Hockey sur glaceCommentaire: il serait temps de se réveiller
Adam Almquist (Berne) a été suspendu pour quatre matches à la suite de son agression sur le Zougois Reto Suri en finale de National League. Risible et grave à la fois.
- par
- Grégory Beaud

La ligue a raté une belle occasion de marquer les esprits. En frappant Adam Almquist aussi fort que le défenseur de Berne a chopé Reto Suri (Zoug), jeudi dernier. Lors du premier match de la finale entre le SCB et la formation de Suisse centrale, le Suédois a commis une faute sur le Zougois. Une charge totalement illicite qui coche toutes les cases de «l'agression caractérisée», comme nous l'écrivions vendredi déjà. Joueur adverse qui n'a pas le puck? Exact. Point de contact, la tête? Tout à fait. Patins décollés du sol? Affirmatif. Circonstances atténuantes? …
A mesure que la vitesse augmente dans le hockey sur glace, les commotions pullulent. Réduire leur nombre est d'ailleurs l'un de points d'emphase de toutes les fédérations nationales et de l'organe faîtier, l'IIHF. Dès lors, une scène comme celle de la 48e minute entre Berne et Zoug devait ne pas rester impunie. Punie, elle l'a été. Certes. Mais en ne donnant que quatre matches de suspension à l'encontre d'Adam Almquist, le juge unique a tout au plus donné une pichenette sur l'oreille du Bernois alors qu'il aurait mérité une gifle.
Le problème principal? Les agresseurs ne sont largement pas assez mis devant leurs responsabilités. Voici ce que l'on peut lire dans les directives du juge unique en ce qui concerne les charges à la tête:
«Les charges contre la tête effectuées sciemment, faisant preuve d'un manque de scrupules important et/ou d'une négligence grave, exécutées avec une puissance importante, devant être considérées comme particulièrement dangereuses ou présentant d'autres caractéristiques répréhensibles particulières doivent être sanctionnées de 2 à 4 matchs de suspension au minimum.»
Le précédent Marc Wieser
Ainsi le coupable d'un comportement «effectué sciemment» qualifié de «négligence grave» n'encourt qu'une sanction de 2 à 4 matches de suspension. Des mesurettes qui ne font peur à personne. Les cas les plus marquants de la saison régulière (Wieser sur Martinsson, surtout) n'ont à aucun moment fait réfléchir les joueurs avec des peines aussi risibles. Le Davosien avait écopé de trois matches en janvier dernier. Ce précédent a fixé une ligne bien trop permissive. C'était clair à l'époque, ça l'est d'autant plus à la lumière de la décision concernant Almquist.
Si l'on veut protéger un minimum les acteurs de notre championnat, il faudrait commencer par se réveiller et étalonner les mesures. Il en va de la sécurité de tous. Un cas comme celui d'Almquist sur Suri aurait largement pu plus mal se terminer. Par chance, l'ailier international ne souffre «que» de dents cassées. Mais faut-il attendre un accident pour faire changer les choses? Il serait souhaitable que non.
Ce n'est probablement pas l'aspect le plus grave dans toute cette histoire. Mais cette sanction bien trop douce vient donner de l'eau au moulin des partisans du «SCB-Bonus». L'avantage systématique dont bénéficierait le club de la capitale. Là où une punition exemplaire – minimum six matches – aurait donné un message fort à l'encontre de ces théories. Une occasion de ratée, là aussi.
En définitive, cette demi-mesure ne sert finalement à rien. Ni à protéger les joueurs, ni à lever tout soupçon sur l'impunité bernoise. Dommage.