Football: Commentaire: L'ASF n'a pas progressé d'un pouce

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FootballCommentaire: L'ASF n'a pas progressé d'un pouce

L'affaire Shaqiri l'a prouvé: la fédération suisse ne sait toujours pas gérer les impondérables.

Simon Meier
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Simon Meier
Entre l'ombre de Vladimir Petkovic et les yeux dans le vague de Pierluigi Tami, c'est le flou artistique.

Entre l'ombre de Vladimir Petkovic et les yeux dans le vague de Pierluigi Tami, c'est le flou artistique.

Keystone

Promis, juré, la leçon tirée des erreurs passées était retenue sur le bout des doigts. L'Association suisse de football (ASF) avait certes eu besoin de l'affaire de l'aigle bicéphale lors de la Coupe du monde 2018 en Russie pour réaliser que, dans ce monde en effervescence permanente, la communication ne constituait pas un détail. Mais après la gestion déplorable de cet épisode diplomatico-nauséabond, et l'audit autocritique qui l'avait suivi, plus rien de cela ne surviendrait jamais. Promis, juré. D'ailleurs, l'ex-secrétaire général Alex Miescher, qui avait eu la mauvaise idée de mettre de l'huile sur le feu plutôt que de calmer les esprits en Russie, n'est plus là. Et Marco Von Ah, ex-responsable de la communication, a été placardisé.

Résultat? L'ASF s'est pris les pieds dans le tapis dès la première situation délicate à gérer: la non-venue de Xherdan Shaqiri en équipe de Suisse, pour les matches de jeudi passé à Dublin (1-1) et de dimanche à Sion contre Gibraltar (4-0). Indépendamment des raisons, personnelles ou autres, qui ont amené le joyau de la sélection à décliner la convocation, c'est – une nouvelle fois – la communication déficiente de la fédération qui a semé la crasse.

Les coupables? Ces affreux journalistes!

«Nous ne devons plus donner l'impression d'être sur la défensive. Nous ne devons plus laisser de vides, car cela ouvre la porte à toutes les spéculations, exhortait Dominique Blanc, nouveau président de l'ASF, fin août dans les colonnes du Temps. Je souhaite une communication proactive et transparente.»

Force est de constater que les desiderata du patron n'ont, en l'occurrence, pas été respectés. A l'heure de dissiper la mini-tempête médiatico-populaire qui s'annonçait, les pontes de l'ASF ont choisi une ligne de défense qui, à défaut d'être proactive et transparente, avait au moins le mérite de l'uniformité. Le résumé? Il n'y a pas le moindre problème à l'intérieur des murs de l'équipe de Suisse, tous le mal provient de ces affreux journalistes, toujours prêts à remuer les poubelles alors qu'elles sont vides.

Pierluigi Tami, un drôle de choix

Reste que la planche est désormais admirablement savonnée avant les deux matches capitaux du mois d'octobre, à Copenhague face au Danemark, puis à Genève contre l'Eire. Si Xherdan Shaqiri est là, ce que tout le monde souhaite évidemment pour le bien de l'équipe, il sera compliqué d'éviter que les tourbillons de septembre ne remontent à la surface. Et s'il est absent, ce sera encore pire. Dans les deux cas, il reviendra au sélectionneur Vladimir Petkovic et à Pierluigi Tami, nouveau responsable des équipes nationales, à dissiper la polémique pour recentrer le curseur en direction du terrain.

Pierluigi Tami, parlons-en. Le Tessinois, technicien reconnu et excellent accompagnateur de talents, n'avait en revanche pas le profil idéal pour succéder au fantomatique Claudio Sulser. Son charisme a ses limites, son passé de diplomate aussi. A bien y réfléchir, sa nomination ressemble davantage à un lot de consolation a posteriori – l'ASF lui avait préféré Petkovic au moment de remplacer Ottmar Hitzfeld en 2014 – qu'à un choix judicieux. Parce que pour rappel, alors que le troisième millénaire est bien entamé, la fédération helvétique de football souffre toujours d'une terrible incapacité à rendre les choses claires sinon transparentes. Cela doit changer, promis, juré.

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