Hockey sur glace: Commentaire: non à ces prolongations interminables

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Hockey sur glaceCommentaire: non à ces prolongations interminables

En une semaine, trois matches de séries éliminatoires de National League ont nécessité au moins deux prolongations avant d’accoucher d’un vainqueur.

Emmanuel Favre
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Emmanuel Favre
Kevin Fey et les Ajoulots ont perdu l’acte VI des play-out contre Langnau dimanche à 0h14.

Kevin Fey et les Ajoulots ont perdu l’acte VI des play-out contre Langnau dimanche à 0h14.

freshfocus/Jonathan Vallat

Les faits se sont produits sur des patinoires de National League (NL) depuis le 18 mars: des matches de play-off et de play-out, qui avaient débuté à 20h, se sont terminés à 0h32, 0h14 et 23h47 après, respectivement 115, 94 et 85 minutes de jeu.

Note pour les béotiens: un match de hockey sur glace dure normalement 60 minutes. Et, jusqu’en 2016, en séries éliminatoires, les équipes disputaient une prolongation de 20 minutes au maximum. La partie prenait fin lorsqu’un but était marqué. Et, si tel n’était pas le cas, les deux clubs se départageaient dans une série de tirs au but.

Depuis les play-off 2017 donc, la NL est calquée sur la NHL et les matches accouchent d’un vainqueur quand un goal est inscrit à cinq contre cinq dans le temps supplémentaire.

Le changement ravit les farouches opposants aux séries de tirs au but, considérés de manière raccourcie comme des loteries. Il s’agirait cependant de débattre sur les qualités requises, tant techniques que mentales, pour sourire dans ce type d’exercice. Et de se demander si l’habileté est vraiment un synonyme idoine de «hasard».

Mais passons.

À la lumière des trois événements suivis ces derniers jours (pardon, dernières nuits) on peut aujourd’hui s’interroger sur le bien-fondé de ces prolongations à rallonge pour au moins trois raisons.

On s’ennuie 

D’abord, si l’on n’est pas habité par les émotions d’un partisan (qui trouvera forcément le truc génial si son favori gagne et moins génial s’il perd) et qu’on aime simplement le spectacle, on s’ennuie à cent sous l’heure face à son écran de télévision dès la 61e minute. Parce que le jeu se verrouille, parce que la prise de risque confine au néant, parce que les acteurs avec le maillot bleu attendent l’erreur des acteurs avec le maillot rouge (ou le contraire). La peur de la faute étouffe l’envie d’oser. Et le spectacle, un élément si important pour capter le plus grand nombre de téléspectateurs, devient une notion bien abstraite. Ce qui n’est pas bon pour un produit qui vit grâce au public, qui n’est plus exposé sur les chaînes de télévision nationales et qui est logiquement toujours en quête de nouvelles sources de revenus.

Pas très écolo

Ensuite, si l’on est un brin soucieux de la santé (physique et mentale) des athlètes, on ne peut que se demander s'il est raisonnable de répéter ce type d’efforts dans des espaces-temps si rapprochés. En play-off, un hockeyeur dispute un match toutes les 48 heures. Entre les 16 mars à 20h et le 19 mars à 0h32, les Genevois et les Luganais ont presque livré l’équivalent de trois duels de 60 minutes.

Enfin, en 2023, alors que nous sommes sensibilisés à un rythme permanent sur la protection de la planète, les spectateurs ne peuvent tout simplement pas prendre le risque de se déplacer avec les transports publics s’ils entendent assister à l’intégralité d’un match dont ils ignorent l’heure de conclusion. Disons que ce n’est pas vraiment dans l’air du temps.

Un autre modus

Rouspéter, et seulement rouspéter, c’est facile.

Alors proposons un autre modus, qui ne devrait pas provoquer de crise d’urticaire chez les anti-tirs au but.

Et si, si le score était nul après 60 minutes, les équipes livraient au maximum 10 minutes de prolongation à cinq contre cinq (le match s’arrête lorsqu’un but est marqué)?

Et si, si le score était encore nul après 70 minutes, les équipes livraient au maximum 5 minutes de prolongation à quatre contre quatre (le match s’arrête lorsqu’un but est marqué)?

Et si, si le score était encore nul après 75 minutes, les équipes se mettaient à jouer à trois contre trois jusqu’au moment où un but était marqué?

À notre avis, dans une telle mouture, peu de duels excéderaient les 80 minutes. 

Et cela resterait acceptable pour un public enclin à se déplacer en bus et en train, pour les téléspectateurs et pour la santé des joueurs.

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