FootballCommentaire: Quand Saint-Gall montre la voie à suivre
Le club de Suisse orientale, toujours en course pour le titre, a envoyé un signal fort en prolongeant jusqu’en 2025 les contrats de son directeur sportif Alain Sutter et de son entraîneur Peter Zeidler. L’avis de notre journaliste.

- par
- Renaud Tschoumy

Alain Sutter-Peter Zeidler, une association qui marche.
On connaît surtout Saint-Gall pour ses broderies et ses saucisses de veau estampillées OLMA. Mais si la ville de Suisse orientale, du haut de ses quelque 80’000 habitants, devenait la nouvelle capitale du foot suisse?
Mercredi, le président saint-gallois Matthias Hüppi a envoyé un signal fort en annonçant la prolongation jusqu’en 2025 des contrats de son directeur sportif Alain Sutter et de son entraîneur Peter Zeidler. Oui, jusqu’en 2025. Dans cinq ans! «Je sais que ce n’est pas l’usage dans le football, mais nous sommes convaincus que c’est pour le bien du FC Saint-Gall», a cru bon d’ajouter l’ancienne star de la télévision alémanique. Comme un clin d’œil à d’autres dirigeants de clubs…
On pense évidemment à Christian Constantin. Quand, à l’été 2016, le président du FC Sion était allé dénicher Zeidler après une expérience avortée de ce dernier au Red Bull Salzbourg, il avait surpris tout le monde, le technicien allemand passant pour un parfait inconnu en Suisse.
L’ancien professeur de français a pourtant réussi son pari. Il reste à ce jour l’entraîneur ayant le meilleur ratio du FC Sion de ces dernières années (1,75 point en 24 rencontres). Mais Constantin s’était séparé de lui à l’approche de la finale de Coupe de Suisse contre Bâle (qui allait être la première perdue par Sion).
«Zeidler a la recette pour tirer le meilleur de ses joueurs»
Durant ces dix mois passés à la tête de l’équipe valaisanne, Zeidler avait cependant su se signaler à l’attention. Et quand Sochaux et lui ont mis un terme à leur collaboration au printemps 2018, Hüppi n’a pas hésité et a foncé sur l’occasion qui se présentait à lui.
Aujourd’hui, Peter Zeidler fait l’unanimité. À Saint-Gall, bien sûr, mais aussi partout dans le pays, dans le cercle des initiés et des faiseurs du foot suisse. Zeidler a des idées qu’il sait appliquer à son équipe. Il a la recette pour tirer le meilleur de ses joueurs, quand bien même ces derniers ne sont pas des stars à proprement parler. Il fait passer le collectif avant les individualités. Et surtout, il ne renie jamais ses principes.
Aussi, quand Saint-Gall s’est fait proprement fesser par le FC Zurich à domicile le 25 juin dernier (0-4), Zeidler n’a pas été remis en question par son président Matthias Hüppi, pas plus que par son directeur sportif Alain Sutter. Parce que les deux hommes savent voir plus loin et peuvent vivre avec une défaite, aussi cinglante soit-elle.
«Saint-Gall pourrait bien devenir la nouvelle capitale du foot suisse. Et plus seulement celle des broderies et de la saucisse…»
Les deux dirigeants ont donc maintenu leur confiance en Peter Zeidler et l’ont laissé poursuivre son travail. Le FC Saint-Gall a retrouvé le chemin de la victoire, et il est plus que jamais en course pour le titre, alors qu’il lui reste six matches à disputer (en comptant celui de ce jeudi soir contre Lucerne). Tout cela pile vingt ans après la conquête du deuxième et dernier sacre de son histoire.
La vérité d’un jour n’étant jamais celle du lendemain – surtout en football -, on peut se demander quelle sera l’attitude du président saint-gallois quand son équipe alignera une série de contre-performances. Parce que cela arrivera de manière quasi inévitable.
Mais au vu de la confiance manifestée par Matthias Hüppi à son entraîneur et à son directeur sportif, on est prêt à parier qu’il saura se montrer patient et indulgent. Qu’il misera sur la fidélité et la continuité, plutôt que sur la séparation et la précipitation.
C’est en cela que Saint-Gall pourrait bien devenir la nouvelle capitale du foot suisse. Et plus seulement celle des broderies et de la saucisse…

Renaud Tschoumy, journaliste