Football: Commentaire: une nouvelle claque pour les Romands

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FootballCommentaire: une nouvelle claque pour les Romands

Proposée par le LS, la formule «12 + 8» n'a pas trouvé grâce. Voilà qui dit surtout le peu de poids et de considération dont jouissent les clubs latins outre-Sarine.

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NE Xamax et Sion peuvent recommencer à se faire du souci. Avec le FC Thoune, les deux clubs romands demeurent les principaux candidats à la relégation. En actant ce vendredi à Berne la reprise du championnat à compter du 20 juin à une majorité encore plus écrasante que celle que les plus chauds partisans d'un retour sur les terrains auraient pu imaginer, les représentants des 20 clubs de SFL n'ont fait qu'épouser l'air du temps appelant au déconfinement de toutes les activités, y compris sportive.

Et voilà que Xamax et Sion, condamnés à reprendre les entraînements collectifs dès lundi, vont devoir entamer leurs délicats pensum avec un décalage de plusieurs semaines sur la concurrence, depuis longtemps à pied-d'œuvre. Tout ceci n'aurait eu aucune incidence si la proposition formulée par le Lausanne-Sport (augmentation de la Super League à douze, aucune relégation) avait passé la rampe. Mais la formule «12 + 8» a été balayée dans les urnes après plusieurs tours de passe passe. Essayé, une nouvelle fois pas pu…

Pour les clubs romands qui s'y étaient majoritairement montrés favorables, c'est une claque supplémentaire. Dans un scénario désormais bien rôdé, le mécanisme ne varie guère d'une défaite électorale à l'autre. De ce côté-ci de la Sarine, on y croit chaque fois un peu, beaucoup, à la folie puis, à chaque retour du balancier, plus du tout. A chaque fois, l'impénitent quémandeur se fait rembarrer et voler dans les plumes. Démontrant une fois de plus que les Romands, faute de réussir à véritablement exister, comptent pour quantité négligeable outre-Sarine, ou qu'ils ne savent pas convaincre. Ou que les projets qu'ils présentent sont mal ficelés. Au Stade de Suisse, jamais la barrière de röstis n'a paru aussi infranchissable.

Cet échec systématique, cette incapacité à faire bouger les lignes de front trouve aussi son origine dans le fonctionnement même de la Ligue. Dont les dirigeants sont passés maîtres dans l'art de «verrouiller» toute tentative de réforme. En se cooptant entre eux quand il le faut, en dictant l'allure jusqu'à noyauter toute incartade à l'ordre établi, ces Messieurs n'éprouvent aucune peine à imposer un dangereux statu quo. Et c'est exactement ce qui s'est reproduit ce vendredi.

Un Kriens pèse du même poids que le FC Bâle

On en devient dubitatif sinon dégoûté, avec chaque fois la désagréable impression que l'on aurait pu faire autre chose et mieux. A l'heure du vote, sans doute les pressions du diffuseur officiel ont-elles définitivement fait taire les dernières voix discordantes. Au moment où, faute de vision, le football de ce pays souffre de l'absence d'un projet rassembleur, il conviendrait aussi de s'interroger sur la répartition même des suffrages. Il n'est pas normal que Chiasso, Kriens ou Schaffhouse continuent de peser du même poids que Bâle, Young Boys ou Servette!

Alors voilà, la Suisse a choisi de rejouer, ce qui, sur le plan de l'éthique sportive, peut sembler normal - imposer la loi du terrain, et non la mort d'une saison sous forme d'arrêt définitif comme l'a fait la France, fera d'ailleurs plus d'heureux que de déçus. Mais les 20 clubs de la SFL ont manqué l'occasion rêvée de dépasser leurs habituels clivages. Car au lieu de «profiter» de la crise du Covid-19 pour s'élever en jetant les bases d'une nécessaire réforme, le refus d'ouvrir la Ligue résonne comme un aveu d'impuissance. Celui d'un football qui ne sait pas se renouveler. Place désormais au sport à huis-clos pour ceux qui vont s'y adonner. Et à de probables batailles juridiques sans fin pour ceux qui vont les orchestrer.

N.JR

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