Hockey sur glaceCommentaire - Vision à court terme, comme toujours
Les dirigeants de Ligue nationale ont paré au plus pressé lors d'une assemblée extraordinaire ce lundi à Berne. Pour une révolution, il faudra repasser.
- par
- Grégory Beaud

Il y avait de quoi avoir des espoirs avant cette journée de lundi. Après des semaines de visioconférences et de discussions entre quatre oreilles, les dirigeants des clubs de ligue nationale s'étaient donnés rendez-vous à Berne pour y évoquer le futur alors que le hockey suisse traverse l'une des crises les plus importantes de son histoire moderne. On ne peut pas dire que cette réunion a accouché d'une souris. Mais pas de quoi crier à la révolution non plus. Hélas.
Emplâtre sur jambe de bois
Commençons par le positif. Les clubs semblent conscients de l'urgence du moment et ont décidé d'annuler la relégation pour le prochain championnat. Une nécessité pour éviter de générer un vent de panique parmi les clubs mal lotis. Décision a également été prise d'ajouter des matches de deux manières: deux «matches de solidarité» et des pré-playoff pour quatre équipes. Un emplâtre sur une jambe de bois. Au mieux.
Pour le reste? On se revoit en juin prochain avec la ferme intention… de ne surtout pas changer grand-chose. Pourtant, le hockey suisse se trouve actuellement dans une crise quasi existentielle. Les joueurs suisses voient leur salaire exploser et les clubs semblent en accord avec l'idée de freiner cet accroissement. Du moins en théorie. Car en pratique, il faudrait la mise sur pied d'un plafond salarial ou du moins de mesures visant à freiner cette surenchère. Et, de tous les échos en notre possession, on n'en prend pas le chemin.
La bonne excuse
Mais la réunion de lundi semble avoir prouvé une chose: tout le monde ne pense qu'à son propre porte-monnaie sans avoir envie de réfléchir plus loin que le bout de son nez. Ce n'est pas un hasard si les seules décisions qui sont tombées ce lundi sont purement liées à limiter la casse à court terme en serrant les fesses jusqu'à la fin de la crise. Comme si personne ne semblait voir les problèmes endémiques de la situation actuelle. Là où la crise du coronavirus devait être un révélateur, elle ne semble servir que d'excuse. «Oui, on perd de l'argent, mais le Covid-19, bla bla bla». On peut sans autre préparer la réponse à de nombreuses questions qui se poseront ces prochaines années.
Une révolution ne se fait pas en un claquement de doigts et les dirigeants avaient une occasion en or d'en poser les jalons. Augmentation progressive des clubs à 14 et augmentation graduelle des étrangers auraient permis d'endiguer l'escalade des coûts. Au final, il n'a été décidé que de se sauver à court terme. A l'avenir, on risque bien de parler de 2020 comme de l'année où le hockey suisse a manqué une occasion de se réinventer.
Grégory Beaud