Football«Concernant la VAR, les règles sont très claires»
Président de la Commission des arbitres suisses, le Vaudois Christophe Girard réagit aux deux scènes qui ont prêté à discussion lundi soir, lors des matches Finlande – Belgique et Russie – Danemark.

- par
- Renaud Tschoumy

L’attaquant belge Romelu Lukaku s’est vu refuser un but pour cette position de hors-jeu.
Les deux actions se sont produites quasi simultanément. Alors que l’attaquant belge Romelu Lukaku se voyait refuser l’ouverture du score pour quelques millimètres face à la Finlande, la Russie se voyait accorder un penalty généreux (transformé par Dziouba) contre le Danemark. À chaque fois, sur décision de la VAR. Deux décisions qui rebattaient totalement les cartes (à ce moment-là) dans le groupe B. Tout est finalement «rentré dans l’ordre», puisque la Belgique a fini par s’imposer (2-0), tout comme le Danemak (4-1).
Sur le plateau de la RTS, le consultant Carlos Varela n’a cependant pas pu s’empêcher d’exploser. «Il faut arrêter avec cette VAR, a-t-il martelé. On annule un but qui aurait été validé avant la VAR, et on accorde un penalty qui aurait pu être invalidé en direct. Le tout au même moment. On doit avoir des éclaircissements. Il faudrait que les arbitres viennent s’expliquer après le match, pour savoir qui décide de quoi.»
Obliger les arbitres à venir justifier leurs décisions? On s’est approché de Christophe Girard, président de la Commission des arbitres de l’ASF, pour en savoir plus.
Christophe Girard, que vous suggèrent les paroles de Carlos Varela?
Je peux parfaitement comprendre son avis, qui est un avis de joueur. Il est normal qu’il le défende. Maintenant, il faut savoir qu’en matière de VAR, les règles sont très strictes, et elles viennent de la FIFA. Quand un pays veut se doter de ce système, il est soumis à un protocole et à un cahier des charges très précis. Idem pour un tournoi comme l’Euro, évidemment.

Christophe Girard est le président de la Commission des arbitres de l’ASF depuis le 1er juillet 2019.
Reconnaissez-vous cependant que la VAR puisse prêter à discussion?
La vraie question de fond, c’est: «À quoi va-t-elle servir?» Quel est le but? Mettre l’arbitre au pilori? Clairement non. Les arbitres ont toujours commis des erreurs, ils en commettent encore et ils en commettront toujours. Il faut donc l’accepter. La VAR permet de corriger certaines de leurs approximations et je pense que c’est une bonne chose.
Que répondez-vous à Carlos Varela quand celui-ci suggère que les arbitres viennent à l’interview après les matches?
Je ne suis pas contre le fait d’envoyer les arbitres en zone mixte après les matches, mais cela doit avoir un sens pédagogique, et pas seulement pour qu’ils se justifient.
Le public à cependant de la peine à comprendre qui décide de quoi au moment de l’intervention de la VAR – ou pas…
L’arbitre peut faire appel à la VAR à tout moment, en cas de doute. Ce que les gens ne savent pas, c’est que la VAR checke un nombre d’événements nettement plus important que ce que l’on voit sur son canapé devant son poste TV. Cela fonctionne dans les deux sens. Et si un arbitre demande à la VAR de vérifier sa décision, c’est une preuve de sa conscience. Il ne faut pas oublier non plus que les arbitres restent maîtres du jeu dans plein d’actions.
Et que dites-vous à ceux qui pensent que l’intervention de la VAR fait perdre du temps de jeu?
Je leur fournis une statistique toute simple, émanant de la FIFA après la dernière Coupe du monde en Russie: en moyenne, la VAR a entraîné une perte de temps de jeu de 7 minutes, alors qu’on en est à 23 minutes pour les ballons dégagés en touche. C’est donc trois fois plus. Donc il ne faut pas faire le procès de la VAR. Il faut voir cette dernière comme un outil supplémentaire. Le but commun, c’est la fluidité du jeu et la justesse des décisions. C’est ce à quoi nous devons tous tendre.