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MalaisieCondamné à 5 ans de prison pour sodomie

La Cour fédérale de Malaisie a confirmé la condamnation d'un leader charismatique de l'opposition, Anwar Ibrahim, qui a dénoncé une «conspiration» du pouvoir.

AFP

"Nous confirmons la peine de cinq ans", a déclaré Arifin Zakaria, le président de la plus haute juridiction de Malaisie, dont le siège est à Putrajaya, capitale administrative de ce pays d'Asie du Sud-Est.

Le magistrat a auparavant annoncé le rejet du recours d'Anwar contre sa condamnation pour sodomie, un crime passible d'une peine maximale de 20 ans dans ce pays à majorité musulmane.

La confirmation de la condamnation d'Anwar accusé d'avoir sodomisé un ancien conseiller a stupéfié la salle d'audience comble, où se trouvaient de nombreux responsables de l'opposition, des journalistes et des membres de la famille d'Anwar.

Agé de 67 ans, Anwar a accusé les magistrats de la Cour fédérale de collusion dans une "conspiration politique" fomentée selon lui par le régime au pouvoir depuis 58 ans.

"En cédant aux ordres de vos chefs politiques, vous êtes devenus des adeptes de la criminalité. Vous avez choisi d'être du mauvais côté. Je ne serai pas réduit au silence! Je ne me rendrai jamais!", a crié Anwar aux juges qui se sont brusquement levés pour quitter la salle d'audience après l'annonce de la condamnation.

Des opposants et critiques du gouvernement malaisiens répètent depuis longtemps que cette affaire vise à détruire Anwar pour l'écarter définitivement de la scène politique. Après cette condamnation, l'opposant devrait retrouver la liberté à 72 ans s'il purge la totalité de sa peine. Il est aussi privé de son mandat de parlementaire et ne pourra se présenter aux prochaines élections 2018.

Le gouvernement a estimé dans un communiqué que les juges avaient pris leur décision après avoir "examiné toutes les preuves", et appelé toutes les parties à "respecter la décision" de la cour.

De son côté, l'ONG Amnesty International a critiqué une "décision opprimante qui aura un effet négatif sur la liberté d'expression".

C'est la deuxième fois qu'Anwar est condamné pour des faits de sodomie depuis qu'il est passé dans l'opposition.

L'affaire examinée mardi remonte à 2008, année où la coalition d'opposition dirigée par Anwar avait remporté un succès sans précédent aux législatives, entamant pour la première fois la suprématie de la coalition au pouvoir depuis plus d'un demi-siècle en Malaisie.

Poursuivi pour sodomie, Anwar Ibrahim avait été relaxé en 2012 par un tribunal. Mais l'Etat malaisien avait fait appel et l'opposant avait de nouveau été condamné. L'initiative du gouvernement avait été vivement critiquée par des ONG de défense des droits de l'homme, et les Etats-Unis avaient émis des doutes concernant l'Etat de droit en Malaisie.

Anwar, qui a saisi la Cour fédérale, a mis en cause à plusieurs reprises l'actuel Premier ministre, Najib Razak, l'accusant de chercher à le faire ainsi disparaître de la scène politique. Ce dernier a démenti toute implication dans cette affaire.

Le calvaire judiciaire d'Anwar a commencé en 1998, lorsqu'il était le bras droit du Premier ministre de l'époque, Mahathir Mohamad. Limogé de son poste de vice-Premier ministre pour avoir osé dénoncer la politique économique protectionniste du gouvernement en pleine crise asiatique, il est arrêté puis emprisonné quelques semaines plus tard.

Anwar est condamné en 1999 à six ans de prison pour corruption et sodomie, des charges vigoureusement contestées par l'intéressé. L'affaire provoque les plus importantes manifestations antigouvernementales dans ce pays de 28 millions d'habitants. Par la suite, il est blanchi de l'accusation de sodomie.

Après sa libération, Anwar devient un dirigeant charismatique de l'opposition qui enregistre sous sa houlette des gains sans précédent aux élections, en promettant de mettre fin à la corruption et aux atteintes aux libertés dans le pays.

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(AFP)

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