TurquieConseil de l'Europe: Jagland approuve les purges
Le Secrétaire général du Conseil de l'Europe a reconnu «le besoin de nettoyer» les institutions turques.
Le Secrétaire général du Conseil de l'Europe Thorbjorn Jagland a reconnu mercredi en Turquie «le besoin de nettoyer» les institutions de ce pays après la tentative de coup d'Etat.
M. Jagland est le premier responsable européen à apporter son soutien à Ankara dans la vaste purge en cours. Il a toutefois rappelé la nécessité de respecter l'Etat de droit, alors qu'a lieu une traque implacable des sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen, en exil aux Etats-Unis, accusé d'être derrière le putsch avorté.
Une Europe «peu compréhensive»
«Je voudrais dire qu'il y a eu trop peu de compréhension de la part de l'Europe au sujet des défis que cela (le putsch raté) a créés pour les institutions démocratiques et l'Etat (en) Turquie», a dit le secrétaire général du Conseil de l'Europe après une rencontre avec le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu.
Les critiques ont plu en Europe concernant l'ampleur de cette purge menée tambour battant en Turquie, qui a laminé l'armée, la justice, l'éducation et la presse.
Selon le ministre de l'Intérieur Efkan Ala, 25'917 personnes ont été interpellées, dont 13'419 étaient toujours en détention mercredi pour leur rôle dans la tentative de putsch.
Plus de 50'000 limogeages ont été annoncés
«Je reconnais que bien sûr il était nécessaire de lutter contre ceux qui étaient derrière ce coup d'Etat raté et aussi ce réseau secret, qui a infiltré les institutions de l'Etat, l'armée et aussi la justice», a dit M. Jagland, au sujet des sympathisants de M. Gülen.
«Nous avions été informés de cela (les réseaux de Gülen) depuis très longtemps. Donc bien sûr nous voyons le besoin de nettoyer tout cela», a dit M. Jagland, avant une rencontre avec le président Recep Tayyip Erdogan puis le Premier ministre Binali Yildirim.
Des purges qui se veulent conforment à l'Etat de droit
Mais «il est aussi très important que cela soit fait en conformité avec l'Etat de droit et les normes de la convention européenne des droits de l'homme», a-t-il ajouté.
Celle-ci mentionne «des principes très importants selon lesquels toute personne est innocente tant que sa culpabilité n'a pas été prouvée», a-t-il souligné.
Un officiel turc a indiqué à l'AFP que les services de renseignement avaient identifié près de 56.000 partisans de M. Gülen en décryptant plusieurs années de conversations via l'application pour téléphones mobiles ByLock. «Le décryptage continue», a-t-il ajouté.
M. Jagland s'est félicité du fait que le gouvernement turc ait accepté de «travailler avec des experts du Conseil de l'Europe pour que ceci se passe convenablement», au sujet de la période post-coup d'Etat lors de laquelle la Turquie vit sous l'Etat d'urgence pendant trois mois.
Déroger à la Convention européenne des droits de l'homme
Comme l'avait fait la France après les attentats de novembre 2015, la Turquie avait annoncé qu'elle allait déroger à la Convention européenne des droits de l'homme, ce qui la prémunit, dans certaines limites, de poursuites.
Elle est membre depuis 1949 du Conseil de l'Europe, qui réunit 47 pays et dont la mission principale est la défense des droits de l'homme et de l'Etat de droit.