VoyagesCoronavirus: la Belgique stigmatise le Tessin
Un Belge qui viendrait en vacances au Tessin devrait respecter 14 jours de quarantaine lorsqu’il rentre au pays.

- par
- Renaud Michiels

Le Tessin est une destination orange, selon le code couleur de la Belgique. Ici, Ascona.
Pour les voyages en Europe de ses concitoyens, la Belgique a concocté un code couleur des destinations plus ou moins à risque concernant le coronavirus. Le résultat suscite beaucoup de grincements de dents dans le Plat Pays et, étonnamment, concerne le Tessin.
Ainsi il existe un code couleur pour les départs, concernant, est-il précisé, «les voyages non essentiels, comme les voyages touristiques». En vert, des destinations jugées non problématiques, soit la majeure partie des pays européens. En orange, on trouve des destinations pour lesquelles les voyages «sont possibles sous réserve de quarantaine, un test ou d’autres conditions».
Test et quarantaine
En rouge, enfin, on trouve des destinations pour lesquelles «les voyages ne sont pas possibles pour le moment, ou pas autorisés». C’est le cas de la Suède comme des zones par exemple en Espagne ou au Portugal qui ont reconfiné.
On trouve ensuite un second code pour les retours de voyage. Il a des conséquences. Car un Belge de retour d’une zone rouge devra obligatoirement se soumettre à un test puis respecter une quarantaine de 14 jours. C’est le cas pour un retour de Suède ou d’une région reconfinée.
Un seul canton
Pour les retours de destinations en orange, la Belgique demande à ses citoyens de se faire tester et de s’isoler en quarantaine. Après quelques hésitations, le pays a décidé que respecter ces mesures est chaudement recommandé mais pas obligatoire.
Dans cette catégorie orange, on trouve de nombreux pays ou régions. Exemples? La Bulgarie, la Croatie, le Luxembourg ou la Roumanie. La province de Trente, en Italie, l’Aragon et la Catalogne en Espagne ou, de manière assez surprenante, un seul canton en Suisse, le Tessin.
Ainsi un Belge de retour de vacances au Tessin est censé filer passer un test et se couper du monde durant 14 jours.
Tessin épargné depuis début juin
Mais est-ce justifié? Au plus fort de l’épidémie de coronavirus, le Tessin était bel et bien un des cantons les plus touchés. Mais ce n’est plus le cas. 61 cas y ont été dénombrés depuis le 1er juin, selon le site corona-data.ch, qui se base sur les relevés des cantons. Par comparaison il y en a eu 280 dans le canton de Vaud et plus de 500 à Zurich.
La prévalence est plus pertinente et plus parlante encore. Elle est de 1,7 cas pour 10 000 habitants depuis début juin au Tessin, toujours selon les données de corona-data.ch collectées mercredi en début d’après-midi. C’est moins qu’absolument tous les cantons romands: 1,7 à Neuchâtel, 2,1 à Genève, 3,5 dans le canton de Vaud, 3,7 à Fribourg, 4,2 en Valais et 7,1 dans le Jura.
Plainte du Luxembourg
Ces données montrent que le Tessin n’est actuellement clairement pas plus «dangereux» que d’autres cantons du pays. Au contraire, même.
«Le Soir» relate que le Luxembourg a également été placé dans cette catégorie orange. Le Grand Duché craint donc que les Belges n’y mettent plus les pieds pour éviter de subir une quarantaine. S’estimant lésé et injustement mal noté, le Luxembourg a donc officiellement écrit à la Belgique pour se plaindre de la situation et demander une adaptation. Peut-être est-ce une piste à suivre pour les autorités tessinoises.