VoileCoupe de l'America - Spithill et Barker sur des routes de collision (PAPIER D'ANGLE)
Par Hervé GUILBAUD SAN FRANCISCO, 07 sept 2013 (AFP) - Ces deux là "veulent sans doute s'entretuer": le mot est du navigateur d'Emirates Team New Zealand, Glen Ashby, appelé à dire ce qu'il pensait de l'Australien Jimmy Spithill et du Néo-Zélandais Dean Barker, skippers des deux finalistes de la 34e Coupe de l'America.
Ashby, qui a navigué avec les deux hommes, ne plaisantait sans doute qu'à moitié lorsqu'il a tenu ces propos, jeudi lors d'une ultime conférence de presse à 48 heures des premières régates. Et si on avait encore quelques doutes, une photo publiée vendredi par le San Francisco Chronicle est éloquente: le coup d'oeil jeté par Spithill à Barker est à la limite de la voie de faits... Les deux hommes ont pourtant au moins deux points communs: ils viennent de l'hémisphère sud et ont atteint le pinacle d'un sport auquel ils consacrent chaque minute de leur vie depuis plusieurs années. Le plus jeune des deux est Spithill, barreur du catamaran AC72 d'Oracle Team USA, détenteur de la "Cup". En février 2010 à Valence (Espagne), il est devenu à 30 ans le plus jeune skipper à remporter le plus ancien trophée sportif au monde (1851). Aujourd'hui âgé de 34 ans, Spithill est un concentré de talent et de détermination qui fait l'admiration du Néo-Zélandais Russell Coutts, le directeur exécutif d'Oracle Team USA... et accessoirement quadruple vainqueur de la Coupe de l'America. "Cela fait un certain temps que j'évolue dans ce milieu", confiait Coutts au début de l'été, "et je ne suis plus aussi enthousiaste que j'étais dans le passé, jour après jour. Lui (Spithill) est tout le temps à fond". Pas étonnant, dans ces conditions, que "Jimmy Pitbull" (le surnom pas très gentil dont il est parfois gratifié) confie aux journalistes que la Coupe, "c'est le combat de notre vie". Désarmant de modestie Dean Barker, 41 ans, a découvert la voile avec son père dans l'immense baie d'Auckland et a un moment été tenté par la voile olympique. Il a eu la rude tâche de succéder à Coutts, véritable légende vivante en Nouvelle-Zélande et dans le monde de la voile en général. Toujours souriant, désarmant de modestie, il s'est peu à peu imposé comme le barreur incontournable des défis néo-zélandais après le passage de Coutts à la concurrence. Lors de la Coupe de l'America en 2000 à Auckland, il est le skipper du bateau d'entraînement mais Coutts, élégant, lui confie la barre du monocoque Team New Zealand dans l'ultime régate contre les Italiens de Prada. Bonne pioche: Barker l'emporte, concluant le triomphe kiwi (5 à 0). Sa première "Cup" en tant que patron est celle de 2003, toujours à Auckland, et il n'en conserve sans doute pas un très bon souvenir. Trahi par des avaries à répétition, le Class America néo-zélandais est balayé 5 à 0 par son adversaire suisse Alinghi, barré par un certain Coutts. En 2007 à Valence, Barker remporte la Coupe Louis-Vuitton (éliminatoires des challengers) avec Emirates Team New Zealand mais est une nouvelle fois battu (5 à 2) par Alinghi en finale de la "Cup". A partir de samedi, Barker -qui a découvert les multicoques en 2011, il y a moins de trois ans!- sera à la barre d'Arotearoa, le catamaran AC72 néo-zélandais, avec un triple objectif: battre Oracle Team USA, remporter sa première Coupe de l'America... et remplacer Coutts dans le coeur de ses compatriotes. Début des hostilités: samedi 13h15 locales (22h15 heure française). Une deuxième régate est prévue une heure plus tard. heg/jr