AutoCourse de côte de Pikes Peak: Loeb, Peugeot et Red Bull, un trio au sommet (PAPIER D'ANGLE)
Par Daniel ORTELLI PIKES PEAK (Etats-Unis), 01 juil 2013 (AFP) - Un trio de communicants de haute volée, constitué du nonuple champion du monde de rallye Sébastien Loeb, d'une Peugeot 208 survitaminée et de Red Bull, le géant de la boisson énergétique, a marqué de son empreinte la 91e édition de la vénérable course de côte de Pikes Peak, dimanche dans le Colorado.
Comme quand le parapentiste autrichien Félix Baumgartner a battu le record de chute libre dans l'espace, Loeb, sportif préféré des Français, a été la vedette absolue d'une super-production chorégraphiée par Red Bull, avec images aériennes, décor sauvage, stickers et banderoles partout, jusqu'à 4.300 m d'altitude. Comme pour Baumgartner, il y avait un record à battre et le Français a rempli son contrat: 8 min 13 sec 878/1000 pour gravir les 20 km et négocier les 156 virages. Presque logique, vu les moyens engagés par Peugeot Sport, un groupe d'ingénieurs et de mécaniciens de haut niveau qui voulaient se remettre du traumatisme de leur retrait de l'endurance, début 2012. Comme aux plus belles heures de la 908 victorieuse aux 24 Heures du Mans, l'équipe de Vélizy s'est remise au travail, autour de son chef rescapé, Bruno Famin, et a conçu, avec beaucoup de pièces de récupération, une arme fatale digne des meilleurs films américains: la 208 PP, un monstre futuriste de 875 CV et 875 kilos, aussi léger que puissant. Loeb le cow-boy "Pour monter aussi haut, nous avons préféré envoyer une fusée": le slogan s'étalait partout lundi matin dans les pages des journaux français, très loin de ce marché US dont Peugeot a longtemps rêvé. Alors que les marchés bruissent de rumeurs de reprise de la marque française par General Motors, Loeb a fait gagner une 208 en Amérique, c'est toujours ça de pris, pour l'honneur. Le champion alsacien a dompté sa 208 PP comme les cow-boys de Colorado Springs le jour du grand rodéo. Et il a bluffé les Américains, qui le considèrent désormais comme un extra-terrestre: "Nous n'avons jamais vu un pilote de ce calibre ici", a dit l'un des commentateurs locaux, estomaqué par son chrono record. Comme pour le saut de Baumgartner et ses 39.000 mètres de chute libre, la mise en scène était signée Red Bull, de bout en bout. C'était deux fois plus long que pour l'Autrichien, huit minutes de montée au lieu de quatre minutes de chute libre. C'était intense et dangereux, comme tous ces sports extrêmes chers à Dietrich Mateschitz, le fondateur de Red Bull. C'était parfait aussi pour les réseaux sociaux, à en juger par la quantité de tweets de fans défilant sur l'écran du site officiel (redbull.tv bien sûr) pendant que Loeb gravissait, en "live" et en "streaming", dans sa fusée à roulettes, cette Pikes Peak revue et corrigée car asphaltée de bout en bout. L'exploit sportif est moindre que quand Peugeot a gagné à Pikes Peak, en 1988 et 1989, sur un parcours en terre, avec une 405 T16 rustique pilotée par Ari Vatanen, puis Robby Unser. Mais c'était quand même un joli moment de sport auto, dans une Amérique profonde où l'on adore les pilotes qui ressemblent à des cow-boys. Comme Loeb. dlo/ol/bvo