PandémieCovid: «15 membres de ma famille sont morts»
Le témoignage d’un ancien footballeur illustre le drame qui se joue en Namibie.

Marley Ngarizemo a perdu 15 proches en un seul mois.
En un mois, depuis le début de la troisième vague de coronavirus qui frappe son pays, le Namibien Marley Ngarizemo explique avoir perdu 15 membres de sa famille. «Vous pouvez le comparer à un tsunami, vous pouvez le comparer à un volcan, à un génocide. Je ne sais pas. C’est comme s’il y avait du poison dans l’eau, et que chaque goutte que vous prenez peut en contenir ou pas», témoigne cet ancien footballeur professionnel pour la BBC.
L’homme de 42 ans qui a joué pour son équipe nationale doit faire le deuil de tous ces proches, dont son père, un frère, une belle-sœur ou une tante. Et six autres membres de sa famille sont actuellement hospitalisés, touchés par le coronavirus.
Ce témoignage illustre la situation en Afrique, où le nombre de cas ne cesse d’augmenter depuis six semaines. «La propagation galopante de variants plus contagieux fait passer la menace pour l’Afrique à un tout autre niveau», a souligné cette semaine Matshidiso Moeti, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Mais le drame vécu par Marley Ngarizemo montre surtout la situation tragique dans son pays.
Plus forte mortalité au monde
La Namibie a actuellement le taux de mortalité le plus élevé au monde, note la BBC: 22 décès dus au coronavirus par million d’habitants. Pour faire face à l’augmentation des cas, le gouvernement a bâti des hôpitaux de fortune. Mais avec les hausses d’hospitalisations, les soignants peinent à suivre. Les capacités sont pleines et il n’y a pas assez d’oxygène pour tous les patients.
Les médecins doivent donc opérer des choix terribles et parfois priver une personne d’oxygène pour le donner à un autre qui a davantage de chances de survie. C’est ce qui est arrivé au père de Marley Ngarizemo: il est mort moins de 24 heures après avoir été privé d’oxygène.
La BBC relate que la Namibie n’était pas préparée à affronter cette troisième vague. Les raisons seraient multiples: laxisme du gouvernement et désorganisation de la campagne vaccinale, méfiance envers les vaccins ou encore une partie de la population qui ne respecte pas les règles de lutte contre la pandémie.
Le pire est à venir
L’heure, en tout cas, n’est pas à l’optimisme dans le pays. Le président Hage Geingob a d’ailleurs annoncé fin juin à ses concitoyens que le pire était à venir. «Les projections d’experts et les outils de simulation indiquent que la courbe d’incidence à la hausse, au cours de cette troisième vague, devrait culminer vers la mi-août et pourrait bien se poursuivre jusqu’à la mi-septembre 2021», a-t-il déclaré.
De son côté l’ancien footballeur Marley Ngarizemo estime qu’un grand nombre de décès dans sa famille auraient pu être évités si le gouvernement avait introduit plus tôt des restrictions et que les Namibiens s’étaient montrés plus responsables. «Imaginez, les gens ont survécu au VIH et maintenant ils meurent de cette maladie que personne ne peut gérer. C’est vraiment dur, c’est effrayant», conclut-il.