CommentaireCovid-19: de si longues vacances au Conseil fédéral…
Alors que, dans tous les pays qui nous entourent, les gouvernements sont au front contre l’épidémie, en Suisse, nos conseillers fédéraux sont en vacances. Cette passivité crée un certain malaise, au moment où la vaccination patine.

- par
- Eric Felley

Le Palais fédéral vit au rythme des vacances estivales. Trop longues sans doute, alors que la population a besoin d’être informée.
Depuis le 23 juin, date des dernières annonces du Conseil fédéral, il s’en est passé des choses, durant l’évolution mondiale de la pandémie. En France, Emmanuel Macron a lancé la riposte contre le variant Delta le 12 juillet, en annonçant l’utilisation du pass sanitaire. Après lui, tous les gouvernements, de Bruxelles à Madrid ou de Copenhague à Rome, ont annoncé des décisions et tenu des points de presse réguliers. Mais en Suisse, à part une brève intervention d’Alain Berset le 16 juillet sur les ondes de la SSR, le Conseil fédéral a gardé le silence. Il a prévu de siéger à nouveau le 11 août.
Hier, le Département fédéral de l’intérieur et Alain Berset sont sortis de leur réserve en communiquant par un tweet en fin d’après-midi, qu’il ne fallait pas s’attendre à un assouplissement des mesures dans le contexte actuel. Le Conseil fédéral n’entend cependant pas écourter ses vacances. Peut-être a-t-il raison, d’un côté, car il n’y a pas encore péril en la demeure. Les hospitalisations et les décès demeurent bas. Le nombre de cas quotidiens a augmenté, mais il a tendance à se stabiliser, depuis la fin de la semaine dernière.
Chaque semaine compte
Faisant preuve d’un paradoxe dont il a le secret, Alain Berset a toutefois déclaré: «La situation est bonne mais la dynamique est mauvaise». Cette mauvaise dynamique est le retard pris dans la vaccination. Les objectifs fixés avant l’été ne sont pas atteints et la Suisse pourrait le payer cher dans les semaines ou les mois à venir. Il faudrait relancer une campagne nationale pour inciter les gens à se protéger. Il faudrait… Chaque semaine compte car il en faut six pour qu’une personne soit immunisée. Celle qui fait sa première dose aujourd’hui ne sera protégée qu’au mois de septembre. C’est-à-dire au début d’un automne que l’on redoute déjà.
Comme toujours en Suisse, ce sont les cantons qui devraient agir mais on a l’impression qu’ils sont également touchés par le syndrome des vacances. Finalement, ce qui manque en cette période d’incertitude, c’est une parole d’autorité qui cadre le débat, qui donne des réponses officielles aux multiples questions liées à la crise, en Suisse et ailleurs. Un mois et demi d’absence du Conseil fédéral, c’est trop long en cette période d’incertitude. Comme dit une maxime de Nelson Mandela, passée à la postérité: «Les imbéciles se multiplient quand les sages sont silencieux».