Crash Moto2: la règle, c’est la règle...

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MotocyclismeCrash Moto2: la règle, c’est la règle...

Les décisions prises par la Direction de course suite à la chute collective survenue au début du neuvième tour du GP du Portugal – seuls les pilotes considérés comme classés dans la première phase de la course ont été admis au second départ – a provoqué la colère dans le paddock.

Jean-Claude Schertenleib
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Jean-Claude Schertenleib
La course de Moto2 a été marquée par une chute collective.

La course de Moto2 a été marquée par une chute collective.

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«On nous a traités comme de la m..., nous et les pilotes, qu’on envoie au casse-pipe»: ce technicien d’expérience, dont nous tairons volontiers le nom, était encore remonté de longues heures après «l’affaire» du GP du Portugal Moto2.

Au neuvième tour de cette course, alors que de premières gouttes de pluie apparaissaient depuis quelques minutes, les hommes de tête sont arrivés dans le très rapide virage No 2 du circuit de l’Algarve, où la piste était beaucoup plus mouillée. Aron Canet en tête, ses dauphins Cameron Beaubier et Tony Arbolino, mais aussi neuf autres pilotes n’ont rien pu faire. Le bac à sable s’est immédiatement transformé en une scène de désolation totale, une moto en feu, d’autres totalement détruites, des hommes – devenus cibles pour des machines qui volent – qui essaient de s’échapper, le drame a été évité (un seul blessé, Aron Canet, qui s’est fracturé un doigt de la main).

Drapeau rouge (interruption immédiate) montré, on entrait dès lors dans le deuxième épisode de l’affaire, celui qui allait faire débat.

Que dit le règlement?

Que disent les «Règlements du championnat du monde FIM des Grands Prix», le fameux petit livre jaune que chaque team-manager devrait connaître par cœur? C’est l’article 1.26.4 qui traite des courses interrompues et qui précise: «Si l’interruption survient alors que moins de trois tours ont été couverts, tout le monde peut repartir.»

Le GP du Portugal Moto2 ayant été arrêté alors que huit tours complets avaient été terminés, on doit faire appel à l’alinéa 1.26.4ii, qui dit: «Si plus de trois tours et moins des deux tiers (pour la Moto 3 et la Moto2, ce sont les trois quarts pour la classe MotoGP) ont été couverts, seuls les pilotes considérés comme ayant fini la première course sont éligibles pour le deuxième départ.»

Reste donc à connaître les conditions pour être considérés comme étant classés au terme de cette première partie. La réponse se trouve dans l’article 1.25.1: «Dans un délai de 5 minutes après le déploiement du drapeau rouge, les pilotes qui ne sont pas parvenus à revenir dans le couloir des stands, qui n’ont donc pas passé la cellule de chronométrage située à ladite entrée en conduisant leur moto, ne seront pas classés.»   

La «lex Lüthi» 

Cet article 1.25.1 a des origines très... helvétiques. Elles datent du GP du Japon 125 cm3 en 2005 lorsque, en bagarre avec Mika Kallio sur le circuit de Motegi, Tom Lüthi avait été victime d’une chute dans le virage qui mène sur la ligne droite, sa moto étant ensuite percutée et totalement détruite par celle d’un adversaire, Tom se retrouvant au centre médical avec deux chevilles en piteux état.

Ce jour-là, comme l’ancienne règle le disait, on avait pris en compte les positions au tour précédent, Lüthi avait ainsi marqué les 20 points de la deuxième place, bien qu’il n’avait pas pu se présenter sur le podium et que seul des débris de sa Honda étaient à disposition pour d’éventuels contrôles techniques d’après-course. Le team KTM avait déposé réclamation, mais n’avait pas été entendu. C’est suite à cet accident que le règlement allait être modifié et spécifiée l’obligation de rentrer aux stands avec sa moto... même brinquebalante.

La lettre, pas l’esprit

Règlementairement, il n’y a donc rien à dire sur les décisions prises dimanche dans l’après-midi. Le règlement a été appliqué à la lettre. Mais l’esprit? La course Moto2 ayant été fixée après la course MotoGP, n’aurait-on pas pu donner plus de temps aux pilotes pour ramener leur machine et aux équipes pour les réparer?

«Je le répète, on nous a pris pour des moins que rien», reprend notre témoin. «Ce d’autant plus que, dans la panique générale, des commissaires de piste ont décidé d’eux-mêmes de charger toutes les machines dans un camion pour les ramener au paddock.» 

Conséquence: ils n’allaient être que dix-sept au second départ, dont Celestino Vietti, le leader du championnat, alors que cinq de ses principaux adversaires étaient parmi les grands perdants de cette journée.

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