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PolitiqueCréation d'une alliance pour combattre le travail dominical

Plusieurs syndicats, partis de gauche, Eglises et organisations féminines soutiennent le lancement d'un éventuel référendum contre l'extension du travail ce jour-là dans les magasins des stations-service.

Lors de neuf votations populaires sur dix, des libéralisations ont été rejetées, a relevé Vania Alleva, membre de la direction d'Unia.

Lors de neuf votations populaires sur dix, des libéralisations ont été rejetées, a relevé Vania Alleva, membre de la direction d'Unia.

Keystone

Selon ces organisations, le dimanche ne doit pas être sacrifié à des considérations économiques. Il doit être préservé comme jour de repos, consacré à la famille et aux activités sociales.

Aujourd'hui, il est déjà possible de travailler le dimanche si nécessaire, a rappelé mercredi devant les médias à Berne Kurt Regotz, président du syndicat syna. Depuis 2006, les magasins peuvent ouvrir ce jour-là dans les grandes gares, comme l'a souhaité le peuple.

Entre 2003 et 2009, le nombre d'employés travaillant le dimanche a augmenté de 12%, selon des chiffres publiés par la Confédération.

Toujours pas de CCT

Une nouvelle extension des horaires ne correspond pas à un besoin général, estiment les syndicats, alors que les Zurichois et les Lucernois se prononcent ce dimanche sur la question. Lors de neuf votations populaires sur dix, des libéralisations ont été rejetées, a relevé Vania Alleva, membre de la direction d'Unia.

Et de s'insurger contre les promesses non tenues des employeurs. Sept ans après la votation sur la vente le dimanche dans les gares, les patrons refusent toujours une convention collective de travail (CCT) pour le personnel concerné.

Et lors de sondages, tous les salariés s'expriment contre des horaires d'ouverture de magasins plus longs, qui rendent très difficile la conciliation entre le travail et la vie de famille, a souligné Vania Alleva.

Compensations menacées

Selon Kurt Regotz, une extension des heures d'ouverture des commerces ne crée pas de nouveaux emplois, mais des horaires éclatés et des conditions précaires, avec des employés mal payés qui travaillent sur appel. De même, une telle extension n'augmente pas la consommation, qui est simplement répartie sur une période plus longue.

Autre crainte pour les employés: si le travail dominical devient une normalité, les majorations de salaires versées par les patrons à titre de compensation risquent de disparaître, note le président de syna.

Dangereux pour la santé

Les femmes sont spécialement concernées par ces conditions précaires, car elles sont nombreuses à travailler dans le commerce de détail, ont relevé plusieurs orateurs. Or les crèches sont fermées le dimanche, ce qui est d'autant plus problématique pour les mères qui élèvent seule leurs enfants, a relevé Erika Hofstetter, du comité de la Ligue suisse des femmes catholiques, pour qui le dimanche doit être consacré à la famille.

Président de la société suisse de médecine du travail, Klaus Stadtmüller a pour sa part énuméré les problèmes de santé encourus par les personnes qui travaillent le dimanche, en équipes qui se relayent, ou de nuit: troubles du sommeil, de l'appétit et de la digestion, stress ou dérangements psychiques.

Certaines études évoquent même une augmentation des cancers du sein et de la prostate lors du travail de nuit.

Mais avant les conséquences sur leur santé, les personnes interrogées se plaignent surtout de l'impact de ces horaires irréguliers sur leur vie sociale, a relevé Klaus Stadtmüller.

Référendum

Outre de nombreux syndicats, la nouvelle «alliance pour le dimanche» regroupe notamment le PS, les Verts, le PEV, le parti chrétien-social, les femmes protestantes en Suisse, l'Eglise évangélique méthodiste ou la Société suisse de médecine du travail.

Elle soutiendra un éventuel référendum annoncé contre l'ouverture nocturne et dominicale des magasins de stations-service, acceptée début mai par le Conseil national. Le Conseil des Etats se prononcera cet automne.

(ats)

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