PolémiqueCredit Suisse: Tidjane Thiam victime de racisme?
Selon le «New York Times», l’ancien directeur n’a jamais été accepté par sa banque comme par la Suisse.
- par
- R.M.

Tidjane Thiam avait quitté son poste de directeur de Credit Suisse en février dernier.
En février dernier, englué dans des affaires d’espionnage et de filatures, probablement poussé dehors, Tidjane Thiam démissionnait de son poste de directeur général de Credit Suisse. Voilà pour la version connue. Mais dans une enquête le «New York Times» avance une autre piste: et si le Franco-Ivoirien avait été victime de racisme?
Le quotidien américain commence son récit par une fête organisée pour les 60 ans du président du conseil d'administration de la banque, Urs Rohner. Elle a lieu en novembre dernier dans un restaurant zurichois. Parmi les dizaines de convives, est-il précisé, Tidjane Thiam est le seul noir.
Balayeur et perruques afro
Les festivités ont pour thème les années septante. Un artiste noir entre alors sur scène habillé en concierge et se met à danser sur de la musique tout en balayant le sol. Mal à l’aise, Tidjane Thiam s’excuse puis quitte la pièce. Un couple présent à sa table aussi.
Ils reviennent dans la salle un peu plus tard et voient cette fois un groupe d’amis de M. Rohner monter sur scène pour un numéro musical. Ils portent tous des perruques afro.
Selon le quotidien américain ce n’était là que la suite «d’une série d’incidents douloureux qui ont façonné ses cinq années au sommet de Credit Suisse». Et de parler de moments «choquants, d’autres dérangeants», la plupart en lien avec «les tensions autour du fait d’être noir dans une industrie à prédominance blanche et une ville à majorité blanche.»
Un «départ étonnamment rapide»
«Qu’il s’agisse de racisme, de xénophobie ou d’une autre forme d’intolérance, il est clair que M. Thiam n’a jamais cessé d’être perçu en Suisse comme quelqu’un qui n’en faisait pas partie», peut-on encore lire.
Le «New York Times» avance au fond que M. Thiam n’a jamais été accepté par sa banque. Mais pas non plus par le secteur de la finance, Zurich ou la Suisse en général. Des interviews avec onze témoins, écrit le quotidien, «suggèrent que la race a été un facteur omniprésent tout au long de son mandat et qu’elle a contribué à créer les conditions de son départ étonnamment rapide».
Avis tranché de sa sœur
Tidjane Thiam aurait donc été lâché en partie à cause de sa couleur de peau. «La question reste ouverte de savoir si un CEO venu d’un autre milieu aurait pu survivre», note le quotidien. Et de glisser: «d’autres dirigeants de banques ont évité des scandales bien plus graves».
Le principal concerné ne s’exprime pas dans l’article. Mais sa sœur si, et son avis est tranché. «Je serais curieuse de savoir si aujourd’hui les Suisses auraient enfin l’honnêteté de reconnaître que voir un homme noir au sommet de l’une de leurs entreprises les plus prestigieuses était insupportable», s’interroge Yamousso Thiam.
Credit Suisse n’a pas répondu aux sollicitations du «New York Times». La banque s’est cependant exprimée ensuite dans le «Guardian», mais uniquement sur la soirée d’anniversaire de M. Rohner. «Il s’agit d’une interprétation erronée de la soirée. Il n’y a jamais eu d’intention d’offenser quiconque et nous sommes désolés pour toute offense causée.»