RacismeCyberattaque nazie du site latin contre le racisme !
Le site de la «Semaine contre le racisme» subit des attaques pirates violentes depuis mercredi. Croix gammées et messages nazis y ont été affichés par deux fois. C'est la consternation dans les bureaux des délégués latins à l'intégration.
- par
- Lise Bailat/Pom

Le triste état de la page d'accueil du site, vendredi après-midi.
Surprise atterrante pour la Conférence latine des délégués à l'intégration (CDI), qui réunit tous les cantons romands, le Tessin, ainsi que de nombreuses villes. Sa plateforme Internet www.semainecontreleracisme.ch, est la cible d'une cyberattaque aux relents nazis. Gregory Leone, le directeur de Superposition, l'agence créative de communication visuelle qui a conçu le site, nous a confirmé vendredi matin une première attaque. « Cela s'est passé mercredi à 15h et nous en avons été informés jeudi matin. Il y avait des croix gammées, des « Heil Hitler » sur la page d'accueil, ainsi que des mots affreux par rapport à la race blanche. Nous avons tout de suite réagi et informé nos partenaires », explique-t-il. Et vendredi après-midi, une nouvelle attaque s'est produite, montrant deux officiers nazis sur la page d'accueil du site anti-discriminations !
«Nivellement vers le bas»
La Semaine contre le racisme qui a pris fin le 28 mars est l'événement phare de l'année pour les délégués cantonaux à l'intégration. La consternation est grande aujourd'hui parmi eux. « Je condamne fermement ce piratage. C'est ahurissant : c'est l'un des seuls sites en Suisse qui parle du racisme sans polémique ni idéologie. Nous traitons le sujet de façon très pragmatique », relève Francesco Mismirigo, délégué à l'intégration du canton du Tessin. Lui et ses homologues n'ont pas encore évoqué l'opportunité de déposer plainte. Il est pour l'heure impossible de remonter aux sources de l'attaque. « Il est très difficile de savoir qui fait ça, d'où et comment. Cela peut autant être un acte politique qu'un hacker en herbe qui s'amuse à produire un message inverse à celui recherché par la plateforme », explique Gregory Leone.
Pour Francesco Mismirigo, ce piratage s'inscrit dans un certain contexte. «Si vous prenez toutes les affiches qui sont posées en Suisse, il y a souvent quelqu'un qui s'amuse à mettre des croix gammées partout. C'est un nivellement vers le bas : on s'habitue à insulter, attaquer. C'est juste de la bêtise humaine ! Et le pire, c'est qu'on finit par trouver ça normal ! »
Qui est derrière ?
Mais qui pilote ce piratage à l'idéologie nazie ? D'après Johanne Gurfinkiel, la secrétaire générale de l'organisation de lutte contre l'antisémitisme CICAD, les mouvements qui inquiètent en Suisse ne sont pas particulièrement spécialisées dans le hacking. «On trouve davantage ce genre d'activités chez les Anglo-saxons.» Le site de la CICAD n'a d'ailleurs pas été victime du passage du mystérieux «NS-Hacker». La présence sur la page d'un slogan courant dans les mouvements anglais ou américains («white Pride World Wide»), ainsi que le fait que le pirate se soit attaqué au site d'un événement déjà passé pourraient indiquer que ce dernier réside à l'étranger. Mais l'action d'un groupuscule suisse n'est évidemment pas exclue pour autant.