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Légende«Daft Punk m'a fait revenir»

Pionnier du disco et faiseur de tubes, Giorgio Moroder fait son grand retour à 75 ans avec l'album «Déjà vu» et sera au Gurtenfestival de Berne le 17 juillet. Rencontre.

Henry Arnaud
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Henry Arnaud
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Il fait son grand retour à 75 ans.

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Il fait son grand retour à 75 ans.

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Il fait son grand retour à 75 ans.

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«Bad Girls», «I Feel Love», «Hot Stuff», c'est lui! Plusieurs décennies après avoir composé les tubes de Donna Summer mais aussi pour Barbra Streisand, David Bowie ou encore Blondie, Giorgio Moroder sort de sa retraite dorée à la demande de Britney Spears, de Kylie Minogue et de Sia.

Il a reçu «Le Matin» en exclusivité dans sa résidence de Beverly Hills pour célébrer ses 75 ans et la sortie de son nouvel album, «Déjà vu». «Bienvenue à la maison!» C'est dans un français parfait qu'il nous accueille dans son appartement, où brillent des dizaines de disques d'or mais aussi plusieurs oscars, Golden Globes et Grammy Awards.

Il y a près de quarante ans, vos tubes chantés par Donna Summer ont fait de vous le roi du disco. Pourquoi revenir avec un nouvel album à 75 ans?

Cela fait quelques années qu'à ma plus grande surprise j'ai repris la route des discothèques avec la mode des grands DJ à travers le monde. Il y a une jeune génération d'artistes qui semblent découvrir ma musique alors qu'ils n'étaient pas nés dans les années 1970. Britney Spears, Charli XCX, Kylie Minogue, Sia et bien d'autres seront sur mon nouvel album, qui sort début juin.

Vous avez tout connu des années disco avec les excès de drogue, de sexe et d'alcool de cette époque. Vous considérez-vous comme un survivant?

Non, car je n'ai jamais plongé dans les excès. Je dis, sans fierté particulière, que je ne me suis jamais drogué. Ça m'a évité bien des ennuis. J'ai vu beaucoup de choses autour de moi, j'ai vu des gens tomber en raison de leurs mauvais choix. Moi, j'ai toujours été passionné par la musique et les arts. Rien d'autre… Ah si, le golf!

Vous dites être le plus Suisse des producteurs de Hollywood, pourquoi?

La Suisse est le pays que je connais le mieux au monde. Mieux que l'Italie, où je suis né, ou les Etats-Unis, où je travaille depuis des décennies. J'ai travaillé ou vécu à Genève, Lausanne, Vevey, Montreux, Zurich, Bâle, Saint-Moritz, Grindelwald, Lucerne… Et j'en oublie! (Rires.) Mon endroit préféré sur terre est le Bürgenstock, sur les hauteurs de Lucerne, avec trois hôtels sublimes qui dominent la vallée et les quatre lacs. J'y ai des souvenirs inoubliables, et j'espère y retourner cet été.

Est-ce votre collaboration avec Daft Punk en 2013 sur leur album «Random Access Memories» qui vous a fait sortir de votre retraite?

Oui, d'une certaine manière, puisqu'ils sont venus me chercher à un moment où j'étais plus occupé par ma perfection du golf que par la musique (rires). Tout a changé après la victoire de Daft Punk aux Grammy Awards l'an passé. J'ai reçu trois propositions pour enregistrer un album.

Cet album «Déjà vu» annonce-t-il votre grand retour?

Oui, car cela faisait des années que je n'avais plus travaillé autant dans la musique. J'ai donné deux ans de ma vie pour produire une version restaurée du film «Metropolis» avec une nouvelle bande originale avec des artistes comme Freddie Mercury car j'étais fasciné par ce projet. Après le succès des musiques de film que j'ai composées pour «Flashdance» et «Midnight Express», j'ai voulu m'essayer au septième art. Ensuite, j'ai été attiré par les arts graphiques et j'ai organisé des expositions de mes œuvres dans une dizaine de villes, puis j'ai voulu créer ma propre voiture (ndlr: la Cizeta-Moroder V16T, à la fin des années 1980, un bijou de bolide mais un échec commercial). Il y a tellement de choses que je voulais essayer que je pensais avoir fait le tour de ma carrière de musicien.

Vous serez sur scène au Gurten-festival, à Berne, le 17 juillet. Que peut-on attendre de votre prestation?

Je suis en train de préparer plusieurs surprises pour ma venue. Je serai sur scène devant des platines pour faire danser la foule sur un mélange des tubes que j'ai composés et produits depuis quarante ans. Il y aura aussi de nouveaux morceaux comme la reprise de «Tom's Diner», que je viens d'enregistrer avec Britney Spears.

Vous avez travaillé avec des grands de la chanson française comme Johnny Hallyday, France Gall et Mireille Matthieu. Est-ce que cela a été une bonne expérience?

Johnny est l'un des premiers chanteurs avec qui j'ai travaillé dans ma jeunesse, et je l'ai accompagné lors d'une tournée dans le sud de la France comme musicien. Il a toujours été une bête de scène. Mais c'était dans les années 1960, bien avant ma carrière de compositeur. Concernant France Gall, on est venu me chercher pour que je lui compose un titre en allemand après l'Eurovision car sa maison de disques voulait profiter de sa victoire pour lancer sa carrière outre-Rhin. Quant à Mireille Mathieu, c'est son manager de l'époque, Johnny Stark, qui m'a payé pour composer pour elle. Tout cela remonte à près de quarante ans, mais j'en garde de bons souvenirs.

Vous venez de fêter vos 75 ans. C'était le 26 avril. Que peut-on vous souhaiter

D'avoir assez d'énergie pour continuer la musique pendant beaucoup d'années. Composer et rencontrer des interprètes de la nouvelle génération me permet de rester jeune dans ma tête. La disparition de Donna Summer a été un choc terrible car elle était une amie de longue date. Donna et moi étions de vrais collaborateurs, on passait des heures ensemble en studio pour écrire, composer et produire tous les deux. Je n'ai jamais retrouvé une artiste aussi impliquée qu'elle.

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