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SYRIEDamas évoque un échec des négociations à Genève-2

Les négociations sur le conflit syrien entre opposition et gouvernement étaient mardi dans l'impasse à Genève, un ministre à Damas estimant qu'en l'état elles sont «vouées à l'échec».

Après deux jours de dialogue de sourds, les négociations sur le conflit syrien entre opposition et gouvernement étaient mardi dans l'impasse à Genève, un ministre à Damas estimant qu'en l'état elles sont «vouées à l'échec».

Le médiateur de l'ONU Lakhdar Brahimi a admis que ce nouveau cycle de discussions est aussi «laborieux» que le premier qui s'était tenu en janvier, mettant face à face pour la première fois en trois ans de conflit des représentants des belligérants, le régime et une partie de l'opposition.

Pas beaucoup de progrès

«Le début de cette semaine a été aussi laborieux que cela avait été (dans le passé). Nous n'accomplissons pas beaucoup de progrès», a-t-il dit aux journalistes. Lakhdar Brahimi a assuré «avoir des tonnes de patience» mais a souligné que « le peuple syrien n'a pas cette patience et nous lui devons d'accélérer».

Mais pour le ministre syrien de la Réconciliation nationale, Ali Haidar, les négociations en cours à Genève sont «vouées à l'échec en l'état actuel des choses». Il a expliqué à Damas que le gouvernement syrien avait décidé de participer à la Conférence notamment «pour briser un blocus politique et médiatique qui dure depuis trois ans».

Chacune campe sur ses priorités

Pour lui, l'opposition s'est rendue à la Conférence dans le but de «gagner en légitimité». Les deux délégations se sont bien assises à la même table mardi avec Lakhdar Brahimi mais chacune a campé sur ses priorités, la lutte contre le terrorisme pour le gouvernement, et pour l'opposition avancer sur l'autorité gouvernementale de transition demandée par les grandes puissances dans Genève I en 2012.

Pour essayer de sortir de l'impasse avec les deux délégations qui refusent de s'entendre sur un agenda, Lakhdar Brahimi a appelé «tout le monde a faire de ce processus une réalité et à aider la Syrie à sortir de ce cauchemar que son peuple vit depuis presque trois ans», visant, au delà des belligérants, la communauté internationale, et en premier lieu les coparrains de la Conférence, la Russie et les États-Unis.

«Une journée perdue»

«Aujourd'hui a encore été une journée perdue parce que les représentants de la coalition (ndlr: de l'opposition) insistent sur le fait qu'il n'y a pas de terrorisme en Syrie et ils ne veulent pas en discuter», a affirmé le vice ministre syrien des Affaires étrangères Faysal Mokdad.

«Clairement il n'y pas eu de progrès aujourd'hui, même sur l'agenda le régime s'est opposé à Lakhdar Brahimi, ne lui permettant pas de proposer un agenda acceptable par les deux parties», a estimé pour sa part le porte-parole de la délégation de l'opposition Louay Safi.

«Je ne peux pas pointer un pistolet sur leur tête»

«Je ne peux pas imposer un agenda à des gens qui ne veulent pas. Je ne peux pas pointer un pistolet sur leur tête», a déclaré Lakhdar Brahimi, admettant ainsi son impuissance actuelle. Les discussions doivent se poursuivre jusqu'à vendredi et la semaine prochaine il se rendra à New York pour rendre compte au Secrétaire général des Nations unies et au Conseil de sécurité.

Vendredi il aura une réunion trilatérale avec les deux coparrains de la Conférence, représentés par le vice-ministre russe Guennadi Gatilov et la Secrétaire d'Etat adjointe Wendy Sherman.

Homs, seule note relativement positive

Les opérations humanitaires dans la ville de Homs ont été la seule note relativement positive relevée mardi par Lakhdar Brahimi, même si elles ont été suspendues pour une journée, suite à des questions logistiques selon les autorités locales.

«Homs peut être appelé un succès», a-t-il estimé à propos de l'évacuation de plus de 1200 civils des quartiers assiégés de cette ville de Syrie et du ravitaillement que l'ONU a pu faire parvenir aux populations bloquées depuis 2012.

«Il nous aura fallu six mois pour sortir quelques centaines de personnes», a cependant regretté le diplomate qui a souligné que beaucoup d'autres zones assiégées attendent toujours une aide humanitaire.

Le courage des volontaires salué

Lakhdar Brahimi a salué le courage du personnel de l'ONU et des volontaires du Croissant rouge syrien «qui ont pris beaucoup de risques» dans cette opération réalisée alors que des tirs ont continué. «La voiture du représentant de l'ONU en Syrie a été totalement détruite alors qu'il se trouvait à l'intérieur», a-t-il relevé.

Un projet de résolution sur la situation humanitaire en Syrie, élaboré par des pays occidentaux et arabes, a été distribué mardi matin aux 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU malgré l'opposition russe, ont indiqué des diplomates à New York.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réaffirmé que ce texte était «absolument inacceptable» pour Moscou, un des principaux alliés du régime de Bachar al-Assad. «Les idées qui nous ont été transmises (...) sont absolument inacceptables et contiennent un ultimatum pour le gouvernement» syrien, a déclaré M. Lavrov.

(AFP)

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