NovartisDaniel Vasella renonce à ses 72 millions de francs
Le président sortant de Novartis Daniel Vasella renonce à sa clause de non-concurrence, a indiqué mardi le géant pharmaceutique bâlois Novartis.
Novartis et Daniel Vasella ont trouvé un terrain d'entente pour annuler l'accord, a indiqué mardi le groupe. Le président de Novartis devait toucher durant six ans au maximum 12 millions de francs par année à titre de dédommagement.
Il ne devait toutefois percevoir l'entier de la somme que s'il renonçait à passer à la concurrence. Daniel Vasella, 59 ans, avait affirmé vendredi à la télévision alémanique qu'il ne conserverait pas cet argent, mais le consacrerait tout ou partie à des dons.
«Nous continuons de croire en une clause de non-concurrence, nous pensons toutefois que la décision d'annuler l'accord est dans l'intérêt des actionnaires et des parties prenantes de l'entreprise», indique le vice-président de Novartis Ulrich Lehner, cité dans le communiqué.
Actares reste sur sa position
L'annonce de cette indemnité avait fait l'effet d'une bombe à deux semaines du vote sur l'initiative Minder contre les rémunérations abusives. Actares et Ethos avaient d'ores et déjà annoncé qu'ils refuseraient d'accorder la décharge lors de l'assemblée générale de vendredi.
Etant donné l'annulation du contrat, Ethos votera finalement la décharge. Actares maintient en revanche sa position, l'actionnariat pour une économie durable se disant exaspéré par la manière de procéder de Novartis.
«Nous campons sur notre position, car la manière dont le conseil d'administration de Novartis a préparé la thématique pose problème», a indiqué mardi Roby Tschopp, directeur de l'association.
L'affaire continue
La condamnation de l'indemnité de Vasella avait été générale. A gauche bien sûr, mais aussi jusqu'au Conseil fédéral et à economiesuisse qui investit des millions pour combattre l'initiative contre les salaires abusifs auquel l'accord de vendredi a donné un coup de pouce que d'aucuns estiment décisif.
Le président de la faîtière du patronat Rudolf Wehrli s'était dit révolté. «De tels indemnités et salaires constituent une véritable provocation, même pour les opposants à l'initiative Minder», selon lui.
Autre acteur de la défense des actionnaires, l'avocat zurichois Hans-Jacob Heitz qui a adressé lundi une plainte pénale à l'encontre de Novartis, s'est, lui, réjoui dans une première prise de position de la décision de Daniel Vasella. Mettre sous pression l'homme fort du groupe rhénan a payé, a-t-il dit en substance. Reste que cette affaire, grave, n'est pas encore terminée.
Pressions
Contrairement à ce qu'affirme Christophe Darbellay qui n'impute le revirement de Daniel Vasella qu'à la pression de la rue et à son bon sens, les pressions des milieux économiques ont été «fortes», estime Christian Levrat.
Sans vouloir indiquer si les critiques publiques de l'association patronale qu'il dirige ont directement influencé Daniel Vasella, le directeur d'economiesuisse Pascal Gentinetta relève que, dans le contexte de l'initiative du 3 mars, Novartis et son patron auraient déjà dû réagir vendredi passé. «Un renoncement immédiat aurait représenté un avantage», concède-t-il en admettant que la polémique constitue un revers dans la campagne.
Tendance confirmée
Le renoncement de Daniel Vasella à sa clause de non-concurrence ne devrait pas inverser la tendance en faveur de l'initiative, de l'avis des partis politiques. «Les dégâts sont faits», constate Christophe Darbellay pour qui une inversion de tendance s'annonce très compliquée.
Ses homologues de l'UDC, du PLR, du PS et du PBD ne croient pas non plus que le revirement de Daniel Vasella et Novartis ait des conséquences sur l'issue du scrutin. «Le peuple est déjà convaincu depuis longtemps de la nécessité de changer le système en place», selon Christian Levrat.
La pression publique est simplement devenue trop forte. Le peuple a fait plier le président sortant de Novartis, se réjouit Thomas Minderqui «s'incline devant la révolte du souverain».
Un fidèle
On sait depuis le 23 janvier que Daniel Vasella ne se représentera pas pour un nouveau mandat de président. Son successeur désigné est l'Allemand Jörg Reinhardt (56 ans), entré en 1982 chez Sandoz avant d'occuper des postes à responsabilité croissante au sein de Novartis.
Daniel Vasella a été directeur général de Novartis dès 1996, année de la naissance du groupe après la fusion de Ciba Geigy et Sandoz. Il avait également endossé trois ans plus tard la présidence du conseil d'administration. Une double casquette critiquée, jusqu'à la démission de la direction en 2010 du Fribourgeois qui a touché 13,1 millions de francs au titre de rémunération pour 2012.