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TélévisionDarius a-t-il snobé le pape?

Dix-sept minutes au TJ de la RTS consacrées à la renonciation de Benoît XVI: trop peu pour un fait historique qui ne s'est produit qu'une fois en 700 ans?

Christophe Chanson
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Christophe Chanson
Keystone

Fatigué, estimant qu'il «n'avait plus la force d'assumer ses fonctions», Benoît XVI a annoncé lundi dernier sa renonciation à la papauté. Un événement rarissime que Darius Rochebin a traité en 17 minutes chrono alors que ses confrères des chaînes françaises y consacraient une place beaucoup plus large. Sur TF1, Gilles Bouleau a multiplié les analyses durant 27 minutes. Quant à David Pujadas, il a carrément fait exploser les compteurs en rendant hommage à Joseph Ratzinger, 85 ans, pendant 32 minutes. Le pape, qui règne sur plus d'un milliard de fidèles catholiques à travers le monde, ne méritait-il pas plus d'égard? A titre de comparaison, le décès de Claude Nobs, le 11 janvier, avait mobilisé l'antenne de la RTS pendant près de 25 minutes.

OUI

Jean Romain, écrivain et philosophe

Pourquoi considérez-vous que Darius Rochebin n'a pas traité la renonciation de Benoît XVI à sa juste valeur?

Parce qu'il est resté sur les faits tout en négligeant l'analyse. On aurait pu amorcer une réflexion sur l'humain et sur le temps. Plutôt que de donner la parole à des personnes qui veulent savoir qui sera calife à la place du calife, j'aurais voulu que l'on nous dise pourquoi un pape qui occupe une fonction sacrée peut y renoncer pour des raisons éminemment dignes.

La durée de l'hommage n'était-elle pas trop courte?

Le quantitatif n'est pas vraiment important, c'est la qualité qui compte. Le pape n'est pas un chef d'Etat laïque, mais le représentant de saint Pierre sur Terre. Il méritait mieux que des suppositions des «vaticanologues» de service.

NON

Darius Rochebin, journaliste et présentateur du TJ sur RTS Un

Dix-sept minutes pour le renoncement du pape. N'avez-vous pas snobé le Saint-Père?

Non. Il s'agit d'un événement majeur que nous n'avons pas minimisé. Cela dit, chaque fois que nous parlons du pape, il faut trouver un équilibre assez fin, car ce sujet suscite des réactions contrastées chez les protestants et les antipapistes. C'est difficile de contenter tout le monde. D'ailleurs, j'ai reçu des commentaires sur Twitter qui me reprochaient d'en faire trop.

Vous aviez pourtant consacré vingt-cinq minutes au décès de Claude Nobs.

Bien sûr, mais chaque journal est un dosage particulier qui dépend des autres titres de l'actualité. Le soir du retrait de Benoît XVI, nous avions prévu une page spéciale sur le Printemps arabe, et il fallait lui laisser de la place.

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