INTERVIEW: Darius Rochebin sur LCI: «C’était le bon moment»

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INTERVIEWDarius Rochebin sur LCI: «C’était le bon moment»

Le départ annoncé du journaliste vedette de la RTS pour la chaîne d’infos française a ému les téléspectateurs romands. Il raconte au matin.ch les coulisses de ce transfert inattendu.

Laurent Siebenmann
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Laurent Siebenmann
Le journaliste s’en va sur LCI
Le journaliste s’en va sur LCI

«J’ai conscience d’entrer dans une période nouvelle où tout est plus incertain», avoue Darius Rochebin en parlant de son départ pour le groupe TF1.

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Présentateur vedette? Chouchou des téléspectateurs romands? Institution? Intervieweur hors-pair? Plus forte incarnation de la RTS? Darius Rochebin est un peu tout cela. C’est dire si le départ annoncé du journaliste a surpris le public. A 53 ans, vingt-cinq ans après y être entré, dont vingt-deux de JT, il va quitter la célèbre tour genevoise pour rejoindre la chaîne d’informations du groupe TF1, LCI. Dès la rentrée prochaine, Darius Rochebin y présentera une nouvelle émission où il pourra exercer son art favori, l’interview. Un art qu’il pratique depuis de nombreuses années dans le talk-show «Pardonnez-moi».



Darius Rochebin, depuis mercredi soir et l’annonce de votre départ, les réactions des téléspectateurs romands sont nombreuses. Aviez-vous conscience d’un tel lien affectif avec eux?


Ces réactions me touchent vraiment beaucoup. Je suis surpris par leur caractère majoritairement très sympathique. Vingt-cinq ans à l’antenne, c’est important. La durée crée des liens forts.


Alors pourquoi partir? Votre transfert au week-end a-t-il pesé?



Pas du tout. C’est une décision qui a été difficile à prendre. D’autant plus que j’étais spécialement heureux, ces derniers mois. Cette année a été intense, d’un point de vue professionnel. Je n’avais aucune envie de partir.


Dès lors, comment LCI a-t-elle réussi à vous convaincre? Comment cela s’est-il passé?



En novembre dernier, j’ai participé à «La grande confrontation», un débat animé sur LCI par David Pujadas. Après cela, la chaîne est rentrée en contact avec moi de manière informelle. On a discuté de vagues propositions puis nous sommes restés en contact. Et, tout récemment, LCI est arrivée avec un projet concret, centré sur l’interview, en soirée. Là, les choses sont devenues plus sérieuses.


N’avez-vous pas eu peur de quitter le confort de la RTS pour le milieu plus concurrentiel dans lequel évolue LCI?



Non, pas de peur. J’ai 53 ans, c’est un moment entre deux rives (Il rit). Le bon moment, tout simplement. D’autant plus que cette proposition de LCI va me permettre de me concentrer sur l’interview qui est ma marque de fabrique.


A ce titre, vos interviews dans «Pardonnez-moi» ont-elles pesé dans le choix des dirigeants de LCI?



Sans doute. Certains entretiens ont été remarqués, tels ceux avec Vladimir Poutine ou Eric Dupond-Moretti.


Travailler pour LCI, c’est une porte ouverte sur TF1. Vous y songez?



Non, je n’ai aucun plan de ce genre. J’ai bien conscience qu’en France, le gâteau est plus partagé, la concurrence plus rude. Les hauts et les bas peuvent se présenter plus vite qu’en Suisse. J’ai juste envie de me concentrer sur le coeur de ce que je sais et aime faire: l’interview.


Avez-vous des bonnes relations professionnelles avec les présentateurs français, comme David Pujadas ou Laurent Delahousse?



J’ai échangé notamment avec Gilles Bouleau, le présentateur du «20h» de TF1. Il a une culture énorme. On a parlé de livres qui nous ont marqués. Notamment sur l’ère soviétique. Vous savez, ce qui m’a frappé chez TF1 est que sa rédaction, finalement, est semblable à celle de la RTS: elle est composée de professionnels qui ont le journalisme chevillé au corps. Il n’y a pas que les paillettes et la lumière qui comptent, là-bas.


Votre vie va changer. Allez-vous vous installer à Paris?


Je vais prendre une chambre dans la capitale (Il rit). Et je rentrerai le week-end à Genève. Paradoxalement, mes enfants risquent de me voir plus qu’actuellement.


A ce stade, quels souvenirs gardez-vous de vos années passées à la RTS?


D’abord, le sentiment d’avoir pu apprendre énormément, en vingt-cinq ans. Nous avons la chance d’avoir une grande chaîne généraliste qui essaie tout le temps de tirer les choses vers le haut. Je mesure l’immense chance que j’ai eu d’évoluer dans ce milieu de qualité. On nous y laisse une grande liberté, dans le calme. J’y ai appris, sans m’encroûter, à interviewer les gens en étant parfois impertinent mais aussi en sachant retenir les coups, quand cela n’était pas nécessaire.


Plus concrètement, y a-t-il des souvenirs qui vous resteront plus particulièrement en mémoire?


Mon premier JT où je sentais la sueur couler le long de ma colonne vertébrale. (Il rit) Plus récemment, j’ai vécu un moment très fort en plateau avec Sabine Devieilhe chantant en direct. Ou cette opération en live menée par René Prêtre.


Darius, envisagez-vous un retour à la RTS, dans quelques années?



Je reste très lié à la RTS, vous pensez bien. On verra pour la suite. J’ai conscience d’entrer dans une période nouvelle où tout est plus incertain. Ou tout est plus difficile à prédire.

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