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MarketingDe l'alcool en sachet!

Nouvelle stratégie des industriels: le vin et les spiritueux se vendent désormais sous toutes les formes. Avec des emballages qui trompent le consommateur sur le produit.

Anne-Florence Pasquier
par
Anne-Florence Pasquier
Cherchez l'intrus: le vin se vend dans les mêmes emballages que la compote pour enfants.

Cherchez l'intrus: le vin se vend dans les mêmes emballages que la compote pour enfants.

Andrée-Noëlle Pot

On croirait à un paquet de jouet ou à une recharge de compote aux fruits, pourtant c'est bien de l'alcool. A la venue de l'été, les industriels n'hésitent plus à miser sur du packaging attractif. On connaissait déjà les alcopops pour les jeunes qui se déclinent dans différents formats, du minishoot en plastique à la bouteille flashy comme une simple limonade. Le marché se développe désormais aussi pour le vin.

Parfumé au fendant

Chez un grand distributeur suisse, on trouve ainsi du vin en recharge. Le breuvage – du blanc et du rouge – est espagnol. Il serait destiné avant tout à concocter du vino tinto ou de la sangria. La marque vante le côté pratique de la recharge, histoire d'emporter sa boisson alcoolisée partout, jusque dans un botellón. Ce produit surferait sur la vague des produits parfumés à l'alcool. Comme la glace au fendant qu'ont lancée deux Valaisans, spécialement préparée pour un événement de l'été.

C'est que la simple évocation d'un produit au vin fait vendre, à l'instar des wine gums, ces bonbons anglais qui ne contiennent pas de vin mais cartonnent depuis plusieurs années déjà.

Pour Guy Hausermann, directeur de la société Audiadis, spécialisée dans la communication sensorielle, «il est de plus en plus fréquent que les industriels choisissent le même emballage pour n'importe quel produit. Ça ne veut pas tromper le consommateur. A l'exemple de cette recharge, elle est identifiée par le consommateur. En plus, c'est écologique. Nous arrivons bientôt dans une nouvelle ère où les sachets seront parfumés.» Un avis que ne partage pas le secrétaire général du Groupement romand d'études des addictions (GREA), Jean-Félix Savary.

Une hypocrisie

Selon lui, «les industriels de l'alcool redoublent d'inventivité pour que les produits soient le plus sexy possible. Les couleurs, l'emballage, tout y est pour que les mineurs les achètent. Si c'est un produit pour adultes, pourquoi réaliser un tel emballage, y mettre des couleurs vives et le vendre à un petit prix?. Et de préciser: «L'alcool, ce n'est pas n'importe quel produit. On est dans une sorte d'hypocrisie qui n'amène rien.» Le GREA attire l'attention de la Régie fédérale des alcools, qui devrait pouvoir «interdire ce type d'emballage. Malheureusement, il n'y a rien de surprenant, ces produits et ces pratiques commerciales ne font que confirmer qu'on a besoin d'une réglementation minimale», estime le secrétaire général.

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