FootballDecastel tente le comeback
En une nuit, le FC Sion a perdu son entraîneur Sébastien Fournier et trouvé son successeur, Michel Decastel. Le Neuchâtelois revient 16 ans après avoir remporté la Coupe avec le club.
- par
- Gaëlle Cajeux
A l'heure où Sébastien Fournier prend son café avec Goran Obradovic, Porte d'Octodure, Michel Decastel est intronisé à Riddes. Dans leur centre de formation ce mardi matin, les joueurs du FC Sion découvrent en lui leur nouvel entraîneur. Un visage surgit d'une nuit mouvementée.
Porteuse de conseils, dit-on, elle a poussé Sébastien Fournier à cette décision: «Faire passer l'intérêt de l'équipe en premier» et démissionner. Car après les écarts nocturnes de certains de ses joueurs, qui avaient provoqué son ire, ses mots d'insulte et une dénonciation publique, le Valaisan n'estimait «plus pouvoir fonctionner en respectant mes convictions». Minuit, le FC Sion n'avait plus d'entraîneur.
Mais son président, Christian Constantin, maîtrisant la dramaturgie mieux que quiconque, a immédiatement enchaîné avec l'acte suivant. «Je n'ai pas regardé précisément, mais il était plus de minuit lorsqu'il m'a appelé en me demandant si ça m'intéressait de reprendre Sion, raconte Michel Decastel. J'ai dit oui tout de suite.» A 5 heures du matin, le Neuchâtelois se levait donc pour rejoindre en Valais ses nouveaux protégés, et les emmener quatre jours en camps à Crans-Montana.
«Sans amertume», Sébastien Fournier s'en retourne ainsi diriger les espoirs sédunois. Michel Decastel, lui, tente le come-back sans rancune. Seize ans après. «Je suis venu à Sion en 1995 et en une saison nous avons gagné la Coupe et terminé deuxième du championnat. Pourtant Christian m'a viré. J'ai été fâché car c'était la première fois que ça m'arrivait. Mais depuis on est devenu amis, on s'embrasse quand on se voit. Enfin, plus maintenant qu'il est mon président.»
DES MOIS DE CONTACT
De Tunis à Sion
Bruits et rumeurs annonçaient la venue de Michel Decastel à Sion au printemps déjà. «J'entraînais l'Esperance de Tunis, Christian m'avait effectivement déjà demandé de venir pour les matches de barrage. Mais pour moi, c'était impossible, parce que mon club était en pleine qualification pour la Ligue des champions africaine. Mais je lui avais dit que, plus tard, ce serait envisageable, car après 12 ans de carrière à l'étranger (ndlr: entre la Côte d'Ivoire, l'Egypte, le Maroc, la Tunisie ou les Emirats), je pensais rentrer en Suisse de toute manière.» Remercié par son club tunisien – «malgré un record de 13 victoires d'affilée» – et frappé par un malheur familial – «mon frère est décédé en avril» – le Neuchâtelois est revenu au pays. Décidé à y rester. Pour s'occuper de sa mère. «Et puis je savais que des clubs seraient amenés à chercher un entraîneur. J'ai saisi cette opportunité.»
LA GESTION DES TENSIONS
Il compte sur Gattuso
Michel Decastel n'est pas appelé au secours d'une équipe en perdition, mais reprend la troisième du championnat, qui affiche trois points d'avance sur le champion bâlois. Une situation luxueuse reconnaît-il – «Bravo à Sébastien, il a fait du bon boulot.» – d'autant que la trêve des équipes nationales lui offre deux semaines de travail avant le match de Coupe contre Richemont (2L).
Mais les tensions qui gangrènent le groupe ces derniers jours ternissent le tableau. «Cela ne me fait pas peur du tout. Dans les pays maghrébins où j'ai été, il y avait toujours de la tension. Il faut savoir la gérer.» Pour cela, il compte sur l'aide précieuse de celui qui restera son capitaine, Gennaro Gattuso. «J'accorde une grande importance au capitaine, c'est à lui de gérer le vestiaire. S'il n'y parvient pas, j'interviendrai. Mais cela m'étonnerait qu'un capitaine avec une personnalité comme celle de Gattuso n'arrive pas à gérer son vestiaire. Tout le monde doit le respecter.»
LE CAS DARRAGI
Trois joueurs, trois mesures
Le FC Sion a annoncé avoir sanctionné les fêtards par qui la crise est arrivée. Mais, étonnamment (injustement), c'est trois hommes, trois mesures. Le Français Mathieu Manset (peu brillant sur le terrain), a tout bonnement été viré du club. Joaquim Adao a été recalé dans l'équipe M21. Tandis que l'international tunisien Oussama Darragi, qui a présenté ses excuses, s'est vu infliger une forte amende tout en conservant sa place dans le contingent.
Michel Decastel retrouve donc un visage connu. «Je ne l'ai eu que pour deux matches à Tunis. Lors du premier, il est sorti après une heure de jeu. Pour le second, il est entré en cours de jeu et ensuite il n'a plus joué car le président a appris qu'il avait signé à Sion. Je le connais donc plus de réputation. C'est un joueur très technique, qui sait tout faire avec un ballon, mais qui doit s'adapter au jeu européen plus physique, qui demande plus de force, de tempérament, d'agressivité.»
SA PHILOSOPHIE TACTIQUE
4-4-2 ou 4-2-3-1
«Ma philosophie, rappelle Michel Decastel, c'est avant tout la conservation, une bonne circulation du ballon, des lignes bien serrées entre elles. Depuis un moment, je joue soit en 4-4-2, soit en 4-2-3-1, cela dépend des joueurs que j'ai à disposition. Ici, comme je ne les connais pas encore bien, je vous dis franchement que je n'ai pas de tactique claire en tête.». La première chose à laquelle le Neuchâtelois va s'atteler est la «remobilisation des joueurs». «Car après deux défaites d'affilée, ce n'est pas évident, il y a une perte de confiance directe.»