NucléaireDéchets radioactifs: 2 régions alémaniques restent en lice
Le site Jura-est (AG) et Zurich nord-est sont susceptibles d'accueillir les déchets radioactifs. Le peuple pourrait se prononcer dix ans plus tard.

Seules les régions Jura-est (AG) et Zurich nord-est (ZH/TG) devraient rester en lice pour stocker des déchets radioactifs. La société Nagra a publié ce vendredi 30 janvier ses recommandations. Le verdict du Conseil fédéral tombera en 2017. Le peuple pourrait se prononcer dix ans plus tard.
Les quatre autres sites retenus en 2011 - Pied sud du Jura (SO/AG), Nord des Lägern (ZH/AG), Randen-sud (SH) et Wellenberg (NW/OW) - seraient écartés. Si l'on suit les propositions de la société coopérative pour le stockage des déchets radioactifs Nagra, quatre options pourraient se dessiner au final.
Rien de décidé
Le site Jura-est pourrait accueillir les déchets hautement radioactifs et Zurich nord-est les déchets faiblement ou moyennement radioactifs, ou l'inverse. Deux autres solutions restent possibles: une région ou une autre serait désignée pour un dépôt combiné.
Mais, pour l'instant, «rien n'est définitif», a souligné devant la presse le vice-directeur de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) Franz Schnider. Les propositions de la Nagra vont être passées au peigne fin.
A vérifier
L«Inspection fédérale de la sécurité nucléaire va notamment évaluer si le choix proposé est justifié du point de vue de la sécurité technique et si les sites écartés présentent effectivement des inconvénients évidents. La Commission fédérale de sécurité nucléaire ainsi que d«autres services de la Confédération et des cantons auront leur mot à dire.
La grogne est déjà palpable. Le président du comité des cantons, le conseiller d'Etat zurichois Markus Kägi, n'a pas caché sa surprise de ne voir que deux sites retenus.
Le patron de la Nagra Thomas Ernst a justifié ses recommandations, soulignant que seuls les critères scientifiques et techniques ont été pris en considération. «Les réflexions d'ordre politique ou social n'ont joué aucun rôle.»
Recalés
Les six régions satisfont aux exigences élevées en matière de géologie et de sécurité technique. Les site Jura-est et Zurich nord-est présentent cependant des conditions plus avantageuses. Les couches rocheuses imperméables se trouvent à une profondeur optimale, sont protégées contre l'érosion, stables à long terme et présentent une extension suffisante.
Pour les déchets hautement radioactifs, le site Nord des Lägern pèche par l'espace disponible. A la profondeur idéale, il n'est pas favorable. Plus bas, il devient difficile de construire un dépôt sans atteinte aux barrières géologiques.
Ces désavantages le disqualifient aussi pour les déchets faiblement ou moyennement radioactifs. Dans cette seconde catégorie, Wellenberg affiche le moins bon profil. La roche d'accueil présente des failles. Le site, situé dans les Alpes, est en outre moins stable et difficilement explorable depuis la surface.
Dans la région Randen-sud, la faible profondeur de la roche d'accueil ne protège de l'érosion que de manière limitée et l'espace disponible n'est que légèrement favorable. Le Pied sud du Jura a un espace disponible plus restreint et la zone de confinement géologique est peu épaisse.
Verdict du Conseil fédéral en 2017
Une fois les différents contrôles menés, l'Office fédéral de l'énergie procédera à une évaluation globale. L«ensemble des rapports, expertises et prises de position seront soumis à une audition publique de trois mois en 2016. Puis le Conseil fédéral se prononcera, vraisemblablement au milieu de l«année 2017.
La Nagra mènera des études géologiques approfondies dans les sites retenus. Une campagne d'exploration sismique en trois dimensions débutera cet automne. Des demandes seront déposées ces prochains mois pour effectuer plusieurs sondages, qui ne seront réalisés qu'après l'aval du Conseil fédéral.
Référendum vers 2030
Vers 2020, la Nagra sélectionnera provisoirement un site d«implantation et élaborera les demandes d«autorisation générale pour un ou deux dépôts. Les autorités procéderont ensuite à une nouvelle analyse, avec mise à l«enquête publique. Le Conseil fédéral se prononcera au plus tôt en 2027 sur les demandes. Sa décision sera soumise au Parlement et pourra être combattue par référendum.