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NucléaireDemande d'une expertise externe sur les centrales

Les exploitants suisses en ont fourni des garanties en matière de sécurité à l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN). Une expertise indépendante est demandée par le gouvernement bernois et Greenpeace.

Les centrales nucléaires de Beznau I et II.

Les centrales nucléaires de Beznau I et II.

ARCHIVES, Keystone

Les centrales nucléaires suisses peuvent résister à un séisme exceptionnel comme il en survient tous les 10'000 ans, estime l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN). Ce constat optimiste incite certains à demander une expertise externe indépendante.

Bien qu'elle exige des compléments d'analyse, l'IFSN estime qu'un puissant tremblement de terre n'est pas un critère pour débrancher les réacteurs. Les quatre centrales suisses (cinq réacteurs au total) peuvent rester en activité, indique l'autorité de surveillance qui a présenté lundi à Brugg (AG) sa position sur les preuves apportées. Les centrales avaient été priées de démontrer leur résistance à un important séisme à la suite de la catastrophe de Fukushima en mars 2011 au Japon.

«Le refroidissement du coeur et le refroidissement des piscines de stockage d'éléments combustibles restent garantis sous l'effet d'un tremblement de terre». La limite légale de dose de radioactivité de 100 millisievert «est nettement respectée lors de ces incidents».

Les centrales nucléaires suisses «ont un niveau de sécurité élevé, aussi en comparaison internationale», a déclaré Hans Wanner, directeur de l'IFSN. C'est, selon lui, le résultat de la «politique des rééquipements continus».

Requêtes supplémentaires

L'autorité de surveillance accepte les démonstrations de résistance des quatre centrales nucléaires. La centrale de Gösgen (SO) a cependant remis à l'autorité de contrôle en mars «une démonstration de séismes en partie déficiente».

L'IFSN a émis «à plusieurs reprises des requêtes supplémentaires» et «opéré ses propres calculs». La centrale a remis la nouvelle version des documents en juin. Le premier examen de ces rapports montre «que les principales requêtes sont maintenant satisfaites».

L'autorité de surveillance émet aussi une série de nouvelles requêtes. Gösgen doit ainsi remettre jusqu'au 30 septembre des analyses complémentaires sur le refroidissement du coeur et la résistance sismique des piscines de stockage d'éléments combustibles.

Crue, séisme et barrages

La centrale doit aussi compléter sa démonstration sur sa résistance à une crue due à un séisme en prenant en compte la défaillance des barrages situés en amont. Elle doit également adapter les spécifications techniques dans le domaine radiologique.

Les centrales de Leibstadt (AG) et Mühleberg (BE) doivent démontrer jusqu'au 30 octobre qu'un séisme exceptionnel - d'une fréquence de 10'000 ans - ne peut pas soulever ou déplacer les éléments combustibles. Mühleberg doit encore compléter les calculs de sécurité sismique des barrages.

L'IFSN exige de cette même centrale qu'elle opère une analyse en vue d'améliorer l'étanchéité de la plaque isolante située entre la piscine de stockage d'éléments combustibles et la cavité du réacteur.

Réactions

Le gouvernement bernois, Greenpeace et le parti Vert'libéral demandent qu'une expertise externe et indépendante soit menée sur la capacité des centrales nucléaires suisses à résister aux tremblements de terre. Le mouvement écologiste exige l'arrêt des centrales de Beznau et Mühleberg.

Les conclusions optimistes de l'IFSN ne reposent que sur un bilan provisoire, souligne Greenpeace. Sans attendre les conclusions définitives, l'IFSN accorde une carte blanche aux centrales nucléaires. «C'est une imprudence», selon Greenpeace. Le mouvement écologiste exige aussi un double contrôle et l'arrêt des centrales «défectueuses» de Beznau et Mühleberg.

«Chèque en blanc»

La Fondation suisse de l'énergie (FSE) dit en particulier «avoir des doutes» à propos du «chèque en blanc» accordé aux centrales. Ce qui était considéré comme peu sûr selon le réexamen en 2007 du rapport Pegasos de 1977 est aujourd'hui qualifié de sûr, critique la FSE.

L'exploitant de la centrale nucléaire de Gösgen (SO), le groupe Alpiq, va répondre aux nouvelles requêtes de l'IFSN, a-t-il indiqué. Le porte-parole du groupe n'a pas voulu répondre aux questions de l'ats sur les critiques de l'IFSN concernant la démonstration «en partie déficiente» de Gösgen concernant la résistance aux séismes.

(ats)

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