Canton de Vaud: Déraillement de Daillens: essieu en cause

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Canton de VaudDéraillement de Daillens: essieu en cause

Le rapport final sur les causes du déraillement a été rendu. La perte de la boîte d'essieu avant gauche du 20e wagon est la cause directe de l'accident.

Le convoi avait déraillé à Daillens le 25 avril 2015, sans faire de blessé, mais entraînant une grosse pollution.

Le convoi avait déraillé à Daillens le 25 avril 2015, sans faire de blessé, mais entraînant une grosse pollution.

Archives/photo d'illustration, Keystone

La boîte s'est disloquée au fil du temps, suite à une irrégularité dans le montage, selon le rapport final du Service suisse d'enquête et de sécurité (SESE).

La perte de cette boîte d'essieu est le résultat d'un long processus, initié lors des travaux de maintenance de ladite boîte d'essieu en 2011 dans un atelier allemand, relève le SESE dans son rapport final publié lundi. Lors de cette opération, le disque de sécurité de l'écrou cannelé qui fixe le roulement sur la fusée de l'essieu n'a pas été assuré correctement.

Dégradation progressive

Petit à petit, l'écrou cannelé s'est dévissé ce qui a provoqué les dégradations suivantes: les galets du roulement de la boîte d'essieu ont été sollicités dans le sens transversal. Les déplacements latéraux de l'essieu ont augmenté et des excoriations en forme de «S» sont apparues sur la table de roulement.

Conséquence la plus grave, ces déplacements ont entraîné une fatigue puis une fissure des lames de ressort de la suspension, a expliqué à l'ats Philippe Thürler, suppléant du chef du domaine rail et navigation auprès du SESE. Finalement, ces dégradations ont provoqué le déraillement du 20e wagon à Daillens.

Au détriment de la sécurité

Le rapport souligne également que les sociétés d'audit en charge des certifications ECM pour les wagons de marchandises et des contrôles VPI n'avaient pas constaté de manquements dans le traitement des essieux au sein de l'entité en charge de la maintenance du wagon, précise le rapport. Le problème n'avait pas été relevé, car ces organismes n'ont pas effectué eux-mêmes la totalité de l'audit, note M.Thürler.

Le système de certification actuel fonctionne sur la base de principes économiques qui prévalent souvent au détriment de la sécurité, constate le SESE. Il recommande donc à l'Office fédéral des transports (OFT) de faire adapter la réglementation ECM, afin que la certification et les audits des ateliers en charge de la maintenance ne soient plus délégués à des organismes tiers, mais placés sous la responsabilité des autorités nationales de surveillance.

Trois autres recommandations

Le rapport formule encore trois autres recommandations: faire retirer rapidement les rails-repères saillants encore implantés en bord de voie afin de diminuer le risque d'endommagement des wagons, procéder à une vérification des paquets de lames à ressort par magnétoscopie ou ultrasons, en plus des contrôles standard dans les ateliers de maintenance.

Enfin, le SESE demande la création d'une base technique standardisée et d'un catalogue des défauts afin que les entreprises de transports et les propriétaires de wagon puissent prendre des mesures de contrôle adéquates, au sein du système de surveillance du dispositif de contrôle des trains ZKE.

1300 essieux concernés

Le rapport intermédiaire du SESE du 12 novembre 2015 avait dénoncé plusieurs irrégularités, constituant «un défaut de sécurité latent». Il avait estimé que 1300 essieux étaient potentiellement touchés et émis deux recommandations de sécurité à l'OFT.

Celles-ci ont été suivies, souligne le rapport. Il s'agissait de prendre contact avec les propriétaires de wagons et de les informer du danger potentiel. D'autre part, il fallait faire procéder à des mesures correctives dans le processus de montage des organes de roulement des essieux auprès de l'atelier de maintenance, ce qui est aussi chose faite.

Le convoi avait déraillé à Daillens le 25 avril 2015, sans faire de blessé, mais entraînant une grosse pollution par 25 tonnes d'acide sulfurique, trois tonnes de soude caustique et des quantités marginales d'acide chlorhydrique. Le train était composé de 22 wagons dont 14 contenaient des marchandises dangereuses.

(ats)

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