AttentatsDes attaques spectaculaires font 56 morts au Yémen
Une série d'attaques a causé la mort de 56 personnes vendredi au Yemen. Selon les autorités yéménites, ces attaques ont été perpétrées par Al-Qaïda.

Les attaques visaient l'arme du Yémen. (photo d'archive)
Au moins 56 militaires et policiers ont été tués vendredi dans trois attentats attribués à Al-Qaïda dans le sud du Yémen. Une quatrième attaque, qui visait le terminal d'exportation gazier du pays, a pu être déjouée.
Il s'agit des attaques les plus meurtrières survenues au Yémen depuis que l'armée a repris à Al-Qaïda, il y a plus d'un an, le contrôle de plusieurs régions du sud du pays. Le réseau a subi au cours des derniers mois plusieurs coups durs avec des attaques de drones contre plusieurs de ses chefs et militants.
Selon des sources militaires et locales, les trois attentats, menés à l'aube dans la province de Chabwa, fief d'Al-Qaïda, ont fait huit morts dans les rangs des assaillants.
Ces attaques interviennent également alors que les autorités avaient annoncé en août avoir mis en échec un projet d'Al-Qaïda visant à s'emparer de villes et d'installations pétrolières dans le sud du Yémen et d'enlever des étrangers, ce que le réseau avait démenti.
Les Etats-Unis avaient alors fermé leur ambassade à Sanaa pendant plus de deux semaines à la suite d'une alerte aux attentats d'Al-Qaïda, qui avait conduit d'autres pays occidentaux à faire de même.
Pour le chef de la diplomatie yéménite, ces attaques constituent des actes désespérés et prouvent l'affaiblissement croissant d'AQPA, (Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique). «Cette attaque visait à montrer qu'ils sont toujours là. Mais c'est aussi la preuve qu'ils sont en train de perdre la guerre contre la sécurité et la stabilité du Yémen», a déclaré Abou Bakr al Kirbi à l'agence Reuters.
Voiture piégées
L'attaque la plus sanglante de vendredi a été menée par une voiture piégée qui a explosé dans un camp de l'armée chargé de la sécurité des sites pétroliers et gaziers de la province de Chabwa. «Un accrochage a (d'abord) opposé les militaires aux assaillants à l'entrée du camp, puis une voiture piégée a forcé son passage à l'intérieur du site où elle a explosé tuant 38 soldats», a déclaré à l'AFP un responsable local.
Simultanément, «un kamikaze au volant d'une autre voiture piégée s'est fait exploser avant d'atteindre sa cible, un barrage de l'armée» à Al-Noucheima, situé plus loin, a indiqué une source militaire, ajoutant que «dix soldats ont été tués» dans l'explosion.
Une troisième attaque a pris pour cible un camp des unités spéciales des forces de sécurité à Maifaa, tuant huit policiers, selon des sources militaires.
Le ministère yéménite de la Défense a par la suite annoncé qu'une quatrième attaque visant l'unique terminal d'exportation de gaz du pays, sur le Golfe d'Aden (sud) avait été déjouée. Les militaires ont «intercepté un véhicule chargé d'explosifs» qui se dirigeait vers Belhaf et l'ont neutralisé, tuant le conducteur, selon un communiqué du ministère.
Message clair
Ces attentats n'ont pas encore été revendiqués, mais des sources militaires les ont attribués au réseau extrémiste, très actif dans le sud et l'est du Yémen. «Il s'agit d'un message d'Al-Qaïda au régime de Sanaa, pour dire qu'il est toujours capable de lui assener des coups durs malgré les attaques de drones», a estimé l'analyste Zeid Sallami, spécialiste des mouvements islamistes.
Les attaques de vendredi surviennent après la mort le 30 août d'un chef militaire d'AQPA, Qaïed al-Dhahab, dans un raid de drone. AQPA avait ensuite promis «plus de haine et plus de rancune» envers les Etats-Unis et leurs alliés.
Dix attaques au drone menées depuis le 28 juillet contre Al-Qaïda avaient fait alors plus de 40 morts. Ces attaques ont été vraisemblablement menées par les États-Unis, les seuls à disposer de drones dans la région et qui aident les autorités yéménites dans leur lutte contre le réseau extrémiste.
AQPA a profité de l'affaiblissement du pouvoir central, à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh en 2011, pour renforcer son emprise dans le pays.