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Eau du robinetDes carafes aux fonctionnaires

L'Etat de Genève offre carafes et verres à ses collaborateurs. Coût de l'opération: 37?000?francs. Réactions.

Valérie Duby
par
Valérie Duby
Isabel Rochat, patronne du DSPE, précise que le coût de l'opération est pris sur le budget du SME.

Isabel Rochat, patronne du DSPE, précise que le coût de l'opération est pris sur le budget du SME.

Keystone

«Opération carafe». C'est le nom de code de l'action menée par l'Etat auprès des fonctionnaires. La mission: leur offrir carafes et verres pour les inciter à boire «de l'eau genevoise, saine et équilibrée, dont le bilan CO2 est jusqu'à mille fois moins émissif que celui de l'eau en bouteille».

C'est un service du Département de la sécurité et de l'environnement (DSPE), le SME (Service de management environnemental de l'Etat), qui a initié l'action. Créé en 2009, le SME s'était déjà fait connaître l'an dernier avec une campagne de tri du PET, des clips décalés où les fonctionnaires jouaient les acteurs. Après avoir fait installer 300 poubelles supplémentaires dans les locaux étatiques, l'«Opération carafe» ne paraît-elle pas un peu contradictoire? «Pas du tout, répond Olga Villarrubia, directrice du SME. Cela complète notre précédente action. On incite à boire l'eau du réseau à la place de l'eau en bouteille en réunion. Ne dit-on pas que le meilleur déchet est celui que l'on ne produit pas?» Et de rappeler que l'opération s'inscrit dans le cadre du plan d'actions environnementales de l'Administration cantonale, adopté par le gouvernement genevois le 6 avril 2011. 2000 carafes distribuées Au total, ce sont au moins 1000 kits (composés de 2 carafes et de 12 verres) qui sont distribués depuis le 22 mars, Journée internationale de l'eau. Le prix de l'«Opération carafe»? 37?000?francs. Soit 15?francs pour la carafe et les six verres (distribution comprise), 2?fr.?30 par collaborateur, «le prix d'une bouteille d'eau bue en une séance alors que les carafes, elles, vont durer des années», précise Flora Madic, responsable promotion au SME. Isabel Rochat, patronne du DSPE, juge l'action «pragmatique et originale, s'intégrant parfaitement dans notre politique». Elle précise que son coût est pris sur le budget du SME.

Des fonctionnaires réagissent Dans les différents départements, les réactions sont diverses et variées. «C'est écolo, oui», résume un haut fonctionnaire. Un autre se montre moins enthousiaste: «Quand on voit qu'on doit grattouiller de partout dans les budgets, que les caisses de l'Etat sont vides et que les caisses de pension battent de l'aile, on se demande si c'est vraiment utile!» Une autre source s'emballe: «C'est du gaspillage! On jette l'argent par les fenêtres. Mais cela va avec le reste, avec une gestion délétère des deniers publics.» Un dernier ironise: «Ce sera parfait pour boire le pastis!»

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