Suisse: Des conseillers nationaux victimes de chantage

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SuisseDes conseillers nationaux victimes de chantage

Un collectif criminel a tenté de faire chanter par email des citoyens et des conseillers nationaux. Fedpol et Europol ont été avertis.

Pascal Schmuck
Zurich
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Pascal Schmuck
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Philipp Hadorn (PS/SO), Adrian Amstutz (UDC/BE) et Nik Gugger (PEV/ZH) ont réagi à la tentative de chantage.

Philipp Hadorn (PS/SO), Adrian Amstutz (UDC/BE) et Nik Gugger (PEV/ZH) ont réagi à la tentative de chantage.

Keystone

«Votre délai échoit le 22 août à 16h00, qui doit vous permettre de décider de votre avenir, de celui de votre famille et de votre entreprise.» De nombreuses personnes ont reçu dimanche ce courrier électronique, parmi eux des conseillers nationaux Nik Gugger (PEV/ZH), Adrian Amstutz (UDC/BE), Philipp Hadorn (PS/SO) et Werner Salzmann (UDC/BE).

Les récipiendaires doivent verser environ 1100 francs en bitcoins, sinon ils subiront un «programme qui les impactera sur le plan financier et physique mais surtout émotionnel et social», ainsi que le raconte le Blick. Des membres de leur famille ont également été menacés.

Des images choquantes

«J'ai déjà reçu de nombreuses menaces anonymes, mais celle-là, c'est très spécial», s'étonne Adrian Amstutz. Les pièces jointes qui accompagnaient le courriel sont plus inquiétantes. Un document PDF de 13 pages donne des détails sur ce qui se passera dans les 24 mois si les personnes ne paient pas, menace le courrier.

Il comporte notamment de faux achats sur Ebay ou encore des images de pédopornographie manipulées qui seront envoyés aux contacts des personnes ciblées. Philipp Hadorn regrette d'avoir ouvert le courriel de menaces. «Le contenu avec ces images était absolument choquant.» Selon Nik Gugger, la cybercriminalité a franchi une nouvelle étape. «Ces menaces sont tout simplement immondes et démentes.»

Fedpol et europol avertis

Les conseillers nationaux ont averti le département IT des services parlementaires. L'Office fédéral de la police (fedpol) a également été informé mais il ne peut pas enquêter car la procédure dans ce cas de figure relève des instances cantonales. Fedpol contribue toutefois à la coordination des enquêtes et reste en contact avec Europol à La Haye aux Pays-Bas.

Derrière cette tentative de chantage, se profile un collectif, dénommé Nocet, spécialisé dans «l'acquisition, la modification et la manipulation des données» qui affirme dans le courriel avoir été mandaté par des tiers. Le message a été envoyé à partir d'un compte de la société allemande Tutanota, spécialisée dans le cryptage.

Pour une cyberdéfense crédible

Nik Gugger ne s'inquiète pas pour lui «mais pour des citoyens qui pourraient prendre peur à la lecture de ces menaces». Il craint que beaucoup ne se laissent intimider. Pour Adrian Amstutz, «ce ne sont pas des amateurs derrière cette histoire mais des criminels professionnels.»

Nik Gugger ne croit pas que les auteurs de cette tentative de chantage soient jamais identifiés, surtout s'ils agissent depuis l'étranger. «La législation est à la traîne en matière de cybercriminalité, et si les serveurs pour ce type de chantage sont situés à l'étranger, nos autorités ont les mains liées.» Il compte déposer une motion lors de la prochaine session parlementaire afin de faciliter le travail des procureurs et de mieux protéger la population contre ce genre d'attaques.

Il sera soutenu dans sa démarche par Adrian Amstutz, qui veut enfin une cyberdéfense digne de ce nom en Suisse. «J'aimerais maintenant que le Conseil fédéral dans son ensemble me dise quand son administration sera en mesure de repousser efficacement les cyberattaques contre notre pays et contre le peuple suisse.»

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