Genève: Des élèves face aux dealers

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GenèveDes élèves face aux dealers

Il n'y a pas que Lausanne qui laisse les trafiquants de drogue traîner devant des écoles. «Le Matin» a constaté une situation similaire en plein quartier des Pâquis.

par
Frédéric Nejad Toulami
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Devant l'Ecole de Zurich, au cœur des Pâquis, lundi matin vers 11 h 40, des policiers genevois croisent des dealers nullement inquiets…

Devant l'Ecole de Zurich, au cœur des Pâquis, lundi matin vers 11 h 40, des policiers genevois croisent des dealers nullement inquiets…

Frédéric Nejad Toulami
Christian Bonzon
Dans la cour de l'école, des enfants s'amusent devant vendeurs de drogue et guetteurs.

Dans la cour de l'école, des enfants s'amusent devant vendeurs de drogue et guetteurs.

Frédéric Nejad Toulami

Selon certains médias, ce week-end, la capitale vaudoise serait l'unique cité de Suisse incapable de juguler le marché de drogue à ciel ouvert en plein centre-ville. Pire, les autorités lausannoises seraient les seules à tolérer la présence active de vendeurs de came sous le nez des élèves à la sortie des établissements scolaires. Sans omettre le régulier harcèlement de rue à connotation sexuelle que de nombreux trafiquants d'origine africaine font subir à la gent féminine.

Le coup de gueule du cinéaste Fernand Melgar, qui a dénoncé cette situation dans son quartier à Lausanne, a eu un retentissement au-delà de la presse romande. Le grand quotidien espagnol «El País» a consacré un article à ce sujet le 31 mai dernier. Et pourtant, à 80 kilomètres de là, la situation n'est guère mieux maîtrisée au centre de Genève.

«Really good cocaïne my friend»

Que ce soit dans le quartier des Pâquis, le long du quai du Seujet, au Jardin du Prieuré de Saint-Jean, et dans tout le quartier de l'Usine jusqu'à Plainpalais, la même faune vous aborde et parfois vous suit sur quelques mètres afin de vous vendre de la drogue. Et là aussi, celui qui ne demande «que» de l'herbe se verra proposer «Do you want cocaïne? Really good my friend!» Les Pâquis justement. Aucun Fernand Melgar n'y vit pour attirer avec éclat l'attention de certains sur le marché de la drogue sous le nez des élèves. Au cœur de ce célèbre quartier genevois, les établissements scolaires voisins de Zurich et de Pâquis-Centre n'échappent pas à ce business illégal. On l'a constaté hier.

Dès 11 h, une dizaine de dealers est déjà postée à l'ombre du Temple des Pâquis, juste en face de la cour de récréation d'une école. Certains d'entre eux ont leur smartphone en main et une oreillette vissée dans l'oreille. Ils se tiennent ainsi au courant en temps réel de tout ce qui se passe dans le quartier, prêts à déguerpir ou à venir en aide à un camarade si nécessaire. Le passage de trois policiers municipaux entre eux et l'école ne semble pas les inquiéter. Seul l'un d'eux s'éloigne, tandis que ses acolytes observent les agents. «Ils sont souvent là», confirme une patrouilleuse scolaire, présente pour faire traverser la route aux élèves.

Présence policière accrue

Les patrouilles régulières, à pied et en voiture, des polices municipale et cantonale, dans le périmètre, semblent toutefois avoir un impact: les dealers finissent par se déplacer. À moins que ce ne soit en raison d'une stratégie liée aux horaires et aux lieux propices pour la vente de stupéfiants. D'ailleurs, au moins quatre d'entre eux sont de retour au même endroit à partir de 16 h, face à l'école. En juin 2012, la situation avait empiré quand des trafiquants prenaient leur quartier dans le préau de l'École de Pâquis-Centre, d'où ils sollicitaient des clients. La direction de l'école avait réagi, ainsi que les autorités de la ville pour obliger ces individus à déguerpir. Depuis, ils continuent à œuvrer aux abords…

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