EspagneDes élus catalans font scandale en évoquant une «menace militaire»
Ils se sont adressés à la Commission européenne pour lui demander de protéger la "population catalane" face à une présumée «menace» militaire espagnole, en plein débat sur l'indépendance de la région.

Une manifestation contre l'indépendance de la Catalogne avait eu lieu le 12 octobre dernier à Barcelone.
Des élus catalans ont fait scandale en s'adressant à la Commission européenne pour lui demander de protéger la "population catalane" face à une présumée "menace" militaire espagnole, en plein débat sur l'indépendance de cette région du nord-est de l'Espagne.
"Nous nous adressons à vous afin de vous transmettre notre profonde inquiétude causée par une série de menaces sur l'usage de la force militaire contre la population catalane", affirment les signataires, quatre députés européens originaires de Catalogne.
Leur lettre, adressée le 22 octobre à la commissaire européenne Viviane Reding, "ne correspond en rien à la réalité espagnole", a réagi mercredi le chef de l'opposition socialiste, Alfredo Perez Rubalcaba.
Bras de fer
La puissante région aux velléités indépendantistes est engagée depuis la mi-septembre dans un bras de fer avec le gouvernement central espagnol, qui a opposé une fin de non recevoir à sa requête d'obtenir une plus grande autonomie budgétaire. Son président, Artur Mas, a annoncé des élections anticipées pour le 25 novembre et veut organiser un référendum sur l'autodétermination de la Catalogne.
Selon les signataires, des responsables du Parti populaire (PP) au pouvoir à Madrid et des militaires ont tenu des propos menaçants dans le cadre du débat indépendantiste. "Beaucoup ont rappelé qu'en cas de sécession d'une partie de l'Etat espagnol, l'article 8 de la constitution indique que les forces armées 'ont pour mission de garantir la souveraineté et l'indépendance de l'Espagne'", écrivent-ils.
Cette lettre est notamment perçue en Espagne comme une réponse aux propos du vice-président du Parlement européen et membre du PP, Alejo Vida-Quadras. Ce dernier avait conseillé fin septembre au gouvernement espagnol, sur la petite chaîne de télévision espagnole Intereconomia, de "préparer un général de brigade de la garde civile" en réponse à l'annonce du projet de référendum.
Nombreuses réactions
Les quatre élus européens, dont une socialiste, Maria Badia, un élu du parti conservateur et nationaliste catalan CiU, Ramon Tremosa, et deux appartenant au groupe des Verts, Raül Romeva i Rueda et Ana Miranda, réclament dans leur lettre à l'UE qu'elle "exige publiquement le retrait du débat public de toute menace militaire". Sa publication dans certains médias espagnols mercredi a entraîné de nombreuses réactions.
"C'est une insulte à tous les Espagnols car c'est une lettre où l'on affirme qu'il n'y a pas de démocratie en Espagne", s'est indignée devant les médias Rosa Diez, chef de file du petit parti centriste UPyD.
Le président de la délégation socialiste espagnole au Parlement européen, Juan Fernando Lopez Aguilar, s'est lui montré plus nuancé au micro de la radio publique RNE. "La délégation espagnole ne pense pas que la démocratie espagnole soit en danger, ni menacée par une intervention militaire", a-t-il reconnu.
Avant cependant d'ajouter partager l'idée que "les déclarations faites par le Parti populaire qui invoquent les forces armées ou les généraux de la garde civile pour répondre à la situation en Catalogne, qui doit être résolue démocratiquement, sont intolérables et totalement déplacés".
Face au scandale, la député européenne socialiste Maria Badia a démissionné mercredi du poste de secrétaire générale de la délégation socialiste espagnole, sans toutefois renoncer à son siège, a indiqué la délégation.