ValaisDes étrons plein les champs
Un agriculteur dénonce le laxisme face aux incivilités insalubres de gitans à Martigny.
- par
- Frédéric Nejad Toulami
Christian*, arboriculteur de Fully (VS) actif dans l'agriculture intégrée n'en peut plus. Il a fait arracher, il y a cinq ans, tous les arbres fruitiers de son terrain, situé tout près de l'aire d'accueil officielle en Valais pour les gens du voyage, à Martigny. «On les supporte depuis des décennies, mais ils sont désormais là à l'année, hiver compris, et ils défèquent n'importe où!» Outre une crainte de pollution, Christian explique que personne n'accepte d'aller travailler sur des terres recouvertes d'étrons, sans parler du nettoyage du matériel.
«On en veut bien plus aux autorités publiques très laxistes qu'aux gitans eux-mêmes, nuance-t-il. Pourquoi les forces de l'ordre ne font pas respecter la loi ici? Pourquoi les services communaux ou cantonaux ne passent pas plus souvent pour nettoyer, et tolèrent une telle insalubrité? On a l'impression que quand cela se passe sur des terrains privés, les autorités s'en moquent.»
Porte-parole de la police valaisanne, Stève Léger explique que les gens du voyage, pour la plupart venant de France, se sont installés sur la place officielle d'accueil le 30 janvier dernier avec 32 caravanes. Et aucune plainte n'a été enregistrée à leur encontre. «À quoi bon? demande Christian, désabusé; jusqu'à présent, rien n'a changé, malgré des rapports de police.»
Peinture illégale et polluante
Selon lui, la Ville de Martigny a toujours renvoyé la responsabilité de la situation au canton. Il tient aussi à nous montrer des traces de peinture récentes sur le chemin menant à l'aire d'accueil et dans l'herbe, ainsi que des pots et des pinceaux sales jetés dans la nature près des canaux censés permettre d'irriguer, avec un risque de pollution. «Ces gens obtiennent des mandats de particuliers qui leur remettent des volets et ils viennent les repeindre ici de manière illégale», explique l'agriculteur.
Contacté au sujet des déchets, le Service cantonal de l'environnement dévoile que la gestion de l'aire de transit de Martigny est désormais en main du canton, depuis le 1er janvier 2018. «Ce problème est connu et récurrent depuis de nombreuses années. Malheureusement, il est difficilement évitable», admet Joël Rossier, chef du service. Il souligne que le canton mandate une entreprise de nettoyage «qui intervient régulièrement pour cette aire et ses alentours». «Ils enlèvent de temps en temps les papiers de toilette sales, mais les nombreux cacas restent au sol!» déplore Christian.
Face à ce constat, Joël Rossier réagit: «Cela ne nous avait pas été dénoncé, le mandat de nettoyage sera donc complété avec la mission d'évacuer aussi les déjections humaines. Et en cas de souci entre deux nettoyages sur des terrains, le ou les agriculteurs concernés peuvent s'adresser à la police municipale de Martigny ou au Service de la mobilité du canton, afin que l'entreprise intervienne dans les meilleurs délais.» Les déjections sauvages de gitans avaient déjà défrayé la chronique, notamment en août 2010 sur les hauts de Lausanne (VD) et à Collombey-Muraz (VS) en juillet 2012.
*Prénom d'emprunt