Massacre de GarissaDes étudiants en colère ont manifesté à Nairobi
Dans les rues de la capitale kényane, des centaines de personnes ont protesté contre les autorités impuissantes face aux shebab.
Plusieurs centaines d'étudiants kényans ont dénoncé le mardi 7 avril à Nairobi l'incapacité du gouvernement à protéger la population, après le massacre à l'université de Garissa. Au troisième jour de deuil national, une veillée était prévue en début de soirée en hommage aux 148 victimes des islamistes somaliens shebab.
Les étudiants, certains en costume noir de deuil, ont marché jusqu'à des bureaux de la présidence kényane dans le centre-ville. Ils ont tambouriné au passage sur des véhicules, criant aux automobilistes «Vous n'êtes pas en sécurité!». Sur le trajet, certains étudiants se sont arrêtés, bougies et fleurs en main, pour chanter des prières en mémoire des tués et blessés.
Avant que le cortège commence à se disperser en début d'après-midi, un petit groupe a pu entrer dans les bureaux officiels et déposer une pétition. Elle réclame l'amélioration des équipements des forces de sécurité et la création de centres de veille, avec des policiers en alerte 24H/24H.
«Si ça ne tient pas les shebab à l'écart, ça permettra de limiter le nombre de victimes», a estimé Mcnab Bwonde, secrétaire général de l'Association des étudiants de l'université technique du Kenya (TUK).
Autorités critiquées
La presse kényane a accusé les autorités d'avoir ignoré des avertissements. Elle a aussi critiqué le temps mis par les unités d'intervention pour arriver à Garissa lors de l'attaque.
«L'État avait des renseignements sur une attaque à Garissa et n'a pas été capable de répondre de façon appropriée», a expliqué Stephen Mwadime, son homologue de l'Association des étudiants de l'université Kenyatta de Nairobi. Il a accusé les autorités d'être incapables «d'assurer la sécurité des fils et filles de ce pays».
Stephen Mwadime a réclamé «une refonte totale de l'appareil sécuritaire», ainsi que «le retrait des troupes (kényanes) de Somalie» qui «devraient revenir assurer la sécurité du pays de l'intérieur». Il a aussi demandé une indemnisation d'environ 20'000 euros pour chaque famille de victime du massacre.
Récompense de 200'000 euros
Le président kényan Uhuru Kenyatta a promis de «répondre le plus sévèrement possible» à l'attaque de Garissa. Lundi, l'armée kényane a annoncé que son aviation avait bombardé et détruit en Somalie deux camps shebab.
Les autorités ont en outre promis une récompense d'environ 200'000 euros pour la capture de celui qu'elles présentent comme le cerveau de l'attaque, Mohamed Mohamud, alias «Kuno», ex-professeur kényan d'une école coranique de Garissa. Il a rejoint il y a plusieurs années les islamistes somaliens.
Nouvelles menaces
L'armée kényane est entrée en octobre 2011 en Somalie pour combattre les shebab. Ces derniers ont multiplié, depuis, les attaques meurtrières au Kenya en représailles.
Plus de 400 personnes y ont été tuées depuis la mi-2013 dans des attaques revendiquées par les shebab ou qui leur ont été attribuées. Ils ont à nouveau menacé samedi le Kenya d'une «longue et épouvantable guerre» et d'un «nouveau bain de sang».