Féminicides en TurquieDes femmes manifestent pour défendre la Convention d’Istanbul
Plusieurs rassemblements dans les villes turques ont dénoncé ce dimanche le possible retrait du traité ratifié en 2012 qui vise à empêcher la violence de nature sexiste.

Des femmes ont à nouveau manifesté dimanche dans les villes turques en faveur de la Convention d’Istanbul, un traité qui protège les femmes de la violence.
Des femmes ont manifesté dimanche dans les villes turques pour exprimer leur attachement à la Convention d’Istanbul qui vise à mieux protéger les femmes de la violence. Des responsables du parti au pouvoir ont suggéré que la Turquie pourrait se retirer de ce traité.
Des dizaines de femmes se sont rassemblées dans un parc à Ankara sous la surveillance d’une forte présence policière. «Si cette Convention nous est retirée, toutes les femmes seront seules», a déclaré Cansu Ertas de la Plateforme des Femmes d’Ankara, qui a organisé la manifestation.
À Istanbul, des manifestantes ont été empêchées d’entrer dans un parc et plusieurs dizaines d'entre elles ont décidé de marcher dans les rues du district de Besiktas, selon les médias locaux.
Des inquiétudes de plus en plus fortes se manifestent en Turquie concernant le nombre croissant de femmes tuées par des hommes. Un des derniers exemples en date est le meurtre en juillet de l’étudiante Pinar Gultekin.
Violence quotidienne
Le vice-président du parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir Numan Kurtulmus a récemment estimé qu’Ankara devrait se retirer de la Convention, que la Turquie a ratifiée en 2012. Ce traité adopté en 2011 par le Conseil de l'Europe est le premier à fixer des normes juridiquement contraignantes en vue d’empêcher la violence de nature sexiste.
Pour les militants des droits des femmes, la loi n’est pas appliquée correctement en Turquie. Selon la plateforme «Nous mettrons fin aux féminicides», 146 femmes ont été tuées par des hommes au cours du premier semestre 2020 en Turquie. En 2019, 474 femmes ont ainsi été tuées, et 440 en 2018, selon l’association.
Varsovie inquiète l’Europe
L'intention du gouvernement conservateur nationaliste polonais de dénoncer la «Convention d'Istanbul», un traité international qui vise à mieux protéger les femmes de la violence, commence à susciter une profonde inquiétude en Europe.
Dimanche, plusieurs députés européens ont fait part de leur effarement sur Twitter face à cette décision, annoncée par plusieurs membres du gouvernement. «Il est honteux qu'un État membre de l'UE veuille se retirer de la Convention d'Istanbul», a twitté l'Espagnole Iratxe Garcia Perez, présidente du groupe S&D au Parlement européen, se disant «aux côtés des citoyens polonais qui descendent dans la rue pour exiger le respect des droits des femmes».
Quitter cette convention «serait fortement regrettable et serait un important recul dans la protection des femmes contre la violence en Europe», s'est inquiétée dimanche Marija Pejcinovic Buric, la secrétaire générale du Conseil de l'Europe, qui rassemble 47 pays. «S'il existe des idées fausses ou des malentendus à propos de la Convention, nous sommes prêts à les clarifier dans le cadre d'un dialogue constructif», a-t-elle ajouté.
A Bruxelles, un porte-parole de la Commission européenne a dit «regretter qu'une question aussi importante ait été déformée par des arguments trompeurs dans certains États membres».