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Braquage chez Carlo CrisciDes filets mignons pour son sauveur ?

Émile Jaton, 71 ans, a découvert le précieux registre des réservations du restaurant Le Cerf de Cossonay (VD). Pas de chance pour lui, ses goûts culinaires sont modestes.

par
Pomey Raphaël

«Je me baladais dimanche au bord de la Venoge, comme à peu près tous les jours, raconte le retraité. Et c'est là que j'ai découvert un gros bout de papiers jeté au bas de la route.» Pas encore au courant du braquage qui venait de se dérouler à une poignée de kilomètres de là, durant la nuit, le promeneur et son amie se mettent en colère contre ces gens qui jettent tout un n'importe où, mais continuent leur chemin.

Et c'est finalement lundi, en lisant «Le Matin» avant sa séance de gym à Denges que l'homme a eu le déclic: «C'était comme un flash. Je suis tout de suite reparti vers l'endroit où j'avais vu les registres, la veille. Ils étaient heureusement encore là.» Émile Jaton a alors repris les précieux documents, pour les amener au Cerf, le restaurant gastronomique de Carlo Crisci.

Des goûts culinaires modestes

Rencontré lundi vers midi, le chef était tout sourire, plaisantant volontiers avec son «sauveur». Par sa présence d'esprit, le promeneur vient en effet d'éviter des mois de galère au patron du Cerf, qui avait d'ailleurs cherché son registre dans les poubelles de Cossonay toute la nuit de samedi à dimanche. Émile Jaton, ancien conseiller en prévoyance, ne demande pourtant pas de grand festin pour son geste. Amateur de «cuisine traditionnelle», il avoue n'avoir jamais mangé chez Carlo Crisci, juste bu le café dans sa brasserie. «Je ne suis pas un gourmet. J'aime le bœuf, les filets mignons, des choses comme ça.» Dommage pour lui.

Bien que très mouillé, le registre contient encore ses informations essentielles au bon fonctionnement de l'établissement gastronomique. Il sèche en ce moment sur place.

«On va le faire changer d'avis»

Dans un premier temps, le chef avait estimé que les malfrats qui ont agressé l'apprenti qui portait son registre et le contenu de sa caisse, samedi soir, étaient du coin. Le registre ayant été retrouvé à plusieurs kilomètre de son établissement, sur le chemin de l'autoroute, il penche désormais plutôt pour la piste d'agresseurs extérieurs à la région. «Des jeunes qui voulaient faire des sous à tout prix, j'imagine.» Cette perspective le laisse à penser qu'il y a un «malaise dans la vie de tous les jours.» Il se réjouit tout de même du «bol pas possible» qui a permis que le document soit retrouvé à plusieurs kilomètres de chez lui. «On me dit: pourquoi ne pas enregistrer nos réservations sur un autre support, mais cela fait 30 ans que l'on fait comme ça, et on avait jamais eu de problèmes.»

Concernant les goûts culinaires somme toute assez modeste d'Émile Jaton, Carlo Crisci promet d'essayer de le faire changer d'avis. Il va l'inviter à sa table.

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