Cinéma: «Des gens vrais, on n'en croise pas tant que ça!»

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Cinéma«Des gens vrais, on n'en croise pas tant que ça!»

Virginie Efira donne la réplique à Benoît Poelvoorde dans «Une famille à louer». Explications.

par
Jean-Philippe Bernard
«J'aime cette histoire parce que rien n'est acquis», a confié la comédienne.

«J'aime cette histoire parce que rien n'est acquis», a confié la comédienne.

Visual Press Agency

Encore de ces histoires à dormir debout? Oui. Mais dans le cas d'«Une famille à louer», ça ne pose pas de problème. Le nouveau long-métrage de Jean-Pierre Améris («Les émotifs anonymes») n'a pas pour prétention de défricher un nouveau territoire artistique. «Il s'agit tout simplement d'un beau spécimen de Feel Good Movie. Un film qui a pour vocation de produire un peu de joie», assure à l'autre bout du fil son interprète principale, Virginie Efira.

Avec un Poelvoorde impeccable

La comédienne belge incarne ici Violette, une prolétaire dynamique prête à voler dans les supermarchés pour que les deux enfants qu'elle élève seule ne meurent pas de faim. Prise un jour sur le fait, Violette tabasse un vigile, passe en jugement et se retrouve devant les caméras de télévision.

Paul-André, un milliardaire célibataire limite autiste, l'aperçoit sur son écran large et comprend soudain qu'il lui manque une famille! Il prend donc contact avec la jeune femme et lui propose d'effacer ses dettes et de lui verser en plus un salaire si elle accepte, durant quelques semaines, de mettre sa famille à sa disposition. En tout bien tout honneur, cela va de soi car le monsieur n'est pas particulièrement porté sur la gaudriole.

Entre la belle et la «bête», les points communs sont rares… Heureusement, le principe même du conte de fées permet de rendre le suspense un peu moins insoutenable… Et l'affaire, menée par un cinéaste plutôt subtil, se regarde avec d'autant plus de plaisir qu'aux côtés d'Efira, on retrouve Benoît Poelvoorde, une fois encore impeccable dans le rôle d'un homme fragile et tourmenté…

«Benoît et moi venons d'un territoire commun et nous nous connaissons depuis longtemps. Pourtant nous n'avions jamais vraiment travaillé ensemble, si l'on excepte une brève rencontre dans «Mon pire cauchemar» d'Anne Fontaine. J'aime ses contrastes, son sens de la réflexion et sa mélancolie profonde. Comme tous les hypersensibles, ce n'est pas toujours quelqu'un de simple. Mais je m'en fous parce que c'est quelqu'un de vrai. Et des gens vrais, on n'en croise pas tant que ça.»

Virginie Efira confirme

De Violette, son pittoresque personnage, elle dit: «C'est quelqu'un qui ne baisse jamais les bras. Elle manque parfois un peu de classe, mais elle reste digne lorsqu'elle se retrouve embarquée dans cette histoire parfaitement absurde… Adolescente, je possédais son côté pétroleuse.»

Aux côtés de Poelvoorde, l'ex-animatrice de «Classé confidentiel» et de «La nouvelle star» (toutes deux sur M6) confirme un potentiel déjà entrevu dans des ouvrages aussi réjouissants que «20 ans d'écart» de David Moreau ou «Caprice» d'Emmanuel Mouret. Sa prestation, en phase avec le scénario tout en nuances de Murielle Magellan et Jean-Pierre Améris, permet au film d'éviter les écueils du produit romantique courant.

«J'aime cette histoire parce que rien n'est acquis, parce que personne n'est tout blanc ou tout noir. Jean-Pierre joue avec les contrastes et aussi avec les quiproquos occasionnés par cette situation absurde, mais ça va un peu plus loin. Il ne cherche à épargner aucun camp. Ni celui des riches ni celui des pauvres. J'apprécie la manière dont il dépeint cette forme de cruauté douce dont est victime Violette dans sa propre famille. Nous subissons tous ce genre de petits désagréments sans forcément nous en apercevoir. Le film révèle ces points de détail apparemment insignifiants qui souvent, pourtant, font obstacle au changement.»

Happée par un tourbillon promotionnel que l'on devine épuisant, elle glisse en forme d'au revoir: «Bon, on n'est pas chez un analyste tout de même. Mais avouez que pour une comédie, celle-ci cache son jeu.» On avoue.

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