Lutte contre les contrefaçonsDes milliers d'Européens manifestent contre l'accord Acta
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi, principalement en Allemagne et en Autriche, contre l'Accord multilatéral sur la contrefaçon, jugé par les internautes comme "une atteinte aux libertés".

L'accord Acta, combattu ici à Paris, vise à lutter contre la contrefaçon, des médicaments jusqu'au téléchargement illégal sur internet.
Plus de 4000 personnes ont manifesté en Allemagne, 3000 en Autriche et environ 650 à Paris, une mobilisation en baisse par rapport aux manifestations du 11 février dernier qui avaient rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers l'Europe.
Négocié entre l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, Singapour, la Corée du Sud, le Maroc, le Mexique et la Suisse, l'Acta vise à lutter contre la contrefaçon au sens large, des médicaments et autres marchandises jusqu'au téléchargement illégal sur internet.
C'est ce dernier volet qui suscite des protestations massives. Les détracteurs de l'Acta le jugent trop imprécis, laissant la voie à des abus de la part des propriétaires des droits d'auteurs et donc à de fortes restrictions dans l'utilisation d'internet.
Grosses manifs en Allemagne
A Munich (sud de l'Allemagne), 2000 manifestants sont descendus dans les rues, selon la radio publique locale Bayerischer Rundfunk, tandis qu'à Hambourg (nord), ils étaient environ 1900. Des rassemblements ont également eu lieu à Berlin où ils étaient quelque 700 devant l'Hôtel de ville, Leipzig (est) ou encore Cologne (ouest).
En Autriche, 3000 personnes ont manifesté à Vienne. Scandant le slogan "Acta ad acta" (Acta au rancart, en latin), les manifestants ont défilé sans incident jusqu'au Parlement à l'appel notamment des Verts, du Parti des Pirates et des Jeunesses socialistes.
France aussi
Des centaines de manifestants ont également défilé en France. Ils étaient 650 à Paris selon la police qui en avait dénombré un millier il y a quinze jours. Ils entendent poursuivre leur mobilisation jusqu'à ce que l'accord soit retiré.
Les manifestants, plutôt jeunes, masculins, portant des vêtements sombres et le masque au sourire ironique des "Anonymous" ont défilé pacifiquement en scandant des slogans tels que "Acta tu passeras pas!", "partage, culture, liberté !" ou "liberté sur internet !".
"Cet accord prévoit des lois répressives qui font de tous les internautes des délinquants potentiels", a estimé Frédéric Couchet, délégué général de l'association de promotion et défense du logiciel libre (April). Des manifestations regroupant quelques centaines de personnes au total ont également eu lieu dans plusieurs villes de province.
Récemment, la contestation a même dépassé la rue et les réseaux sociaux pour gagner quelques gouvernements européens. Plusieurs pays, parmi lesquels l'Allemagne, la Pologne, la République tchèque, la Bulgarie et la Lettonie, ont déjà gelé le processus de ratification de l'accord, dans l'attente de clarifications.
Cédant à la pression croissante, l'Union européenne avait annoncé le 22 février qu'elle allait saisir la justice pour vérifier si l'accord ne viole pas des droits fondamentaux.