PolémiqueDes mômes au pain et à l'eau à la cantine pour des impayés
Un maire de l'Allier, en France, a décidé de sanctionner des enfants pour le comportement de leurs parents. Malaise.
- par
- lematin.ch

En guise d«électrochoc» pour leurs parents, un repas particulièrement frugal a été servi à deux enfants de l'école primaire de Saint-Pourçain-sur-Sioule.
Musclée et surprenante, la décision a provoqué un torrent de réactions. Un maire de l'Allier a ordonné à une cantine scolaire de ne donner que du pain et de l'eau à deux enfants. Pour «punir» leurs mauvais payeurs de parents…
«Nous avons voulu faire un électrochoc aux parents de ces deux enfants», se justifie sur France 3 Emmanuel Ferrand, maire de la commune de Saint-Pourçain-sur-Sioule, où les deux mômes sont scolarisés.
Des parents qui faisaient les morts
Concrètement, le 9 septembre, les deux enfants ont été placés dans une salle à part «pour qu'ils ne soient pas avec les autres enfants et ne soient pas victimes de discrimination». Et un repas frugal leur a été servi: du pain frais et de l'eau.
À l'origine de cette mesure drastique, des parents mauvais payeurs, qui ne s'acquittaient plus de leur dû auprès de la cantine depuis des mois. «Nous avons 1/3 des parents qui ne règlent pas la cantine soit environ 50 familles dont 14 en réelle difficulté. Cela représente plus de 5000 euros d'impayés par an. Mais c'est la seule famille qui nous laisse sans réponse», a détaillé le maire, qui a raconté que ces parents n'ont jamais répondu aux nombreuses sollicitations qui leur ont été adressées.
La mesure s'est révélée très efficace. Le soir même, les parents des deux enfants ont réglé l'intégralité de leurs dettes. Sans se plaindre du traitement infligé à leur progéniture.
«J'ai vraiment été choqué»
Reste que la décision est très mal passée au sein même de l'école primaire. Car beaucoup n'acceptent manifestement pas qu'on punisse des enfants pour les torts de leurs géniteurs.
«Je suis en total désaccord avec la façon dont cette affaire a été menée. Ce sont des problèmes d'adultes. Des enfants n'ont pas à être privés de repas. J'ai vraiment été choqué», s'est ému un des employés, sous couvert d'anonymat.
«Le personnel de l'école désapprouve cette façon de faire et ne la cautionne pas. Ceux qui étaient présents disent avoir été mis devant le fait accompli et précisent que si cela venait à se reproduire, ils refuseraient de le faire», promet un autre.
Le maire local a laissé entendre qu'il ne prendra plus une telle mesure à l'avenir. «Je regrette cette décision, c'est maladroit certes mais je l'assume», a-t-il lâché.