CatalogneDes pro-Puigdemont ont bloqué des routes
Des manifestants indépendantistes ont protesté mardi contre l'arrestation en Allemagne de l'ex-président régional.
Des militants indépendantistes ont bloqué des routes mardi en Catalogne. Ils protestaient contre la détention de l'ex-président catalan Carles Puigdemont, qui attend en Allemagne que la justice décide si elle le remet à l'Espagne où il est poursuivi pour rébellion.
La police est intervenue en fin de matinée pour lever un barrage à hauteur de Figueras, près de la frontière française. Il avait été formé à l'aube par quelques dizaines de manifestants à l'appel d'un groupe indépendantiste radical, les Comités de défense de la République (CDR).
La télévision catalane a diffusé en direct les images des policiers emportant un à un des militants portant des gilets fluorescents, sous les huées des autres.
D'autres routes ont été coupées dans la matinée, de même que, brièvement, les accès nord et sud à Barcelone, où des milliers de manifestants avaient affronté la police pendant des heures dimanche. Les échauffourées avaient fait une centaine de blessés légers, dont 22 policiers.
«Point de non retour»
Les CDR, qui comptent quelques milliers de militants selon la police, avaient annoncé lundi un printemps de «protestations permanentes». Ils affirment que la détention de Carles Puigdemont marque «un point de non retour» pour le mouvement sécessionniste.
Les Comités occupent le terrain alors que les partis indépendantistes ont été décapités par une série d'inculpations et d'incarcérations vendredi dernier. Et surtout par l'arrestation dimanche de Carles Puigdemont, qui narguait l'Espagne depuis cinq mois en se proclamant «président en exil».
L'ancien président catalan, destitué par le gouvernement de Madrid après la déclaration d'indépendance de la Catalogne le 25 octobre dernier, attend que la justice allemande se prononce sur son éventuelle extradition vers l'Espagne.
Détenu dans la ville de Neumünster, où un juge a vérifié son identité lundi, il devra attendre que le tribunal de Kiel (dans le nord de l'Allemagne) décide de le remettre au non à la justice espagnole. Une porte-parole du parquet allemand, Wiebke Hoffelner, s'est bornée à dire que la décision ne sera «pas prise cette semaine».
La justice allemande dispose d'un délai de 60 jours pour trancher sur la remise de M. Puigdemont à Madrid. Elle aura à décider si des infractions similaires à celles pour lesquelles M. Puigdemont est poursuivi en Espagne existent en droit allemand.
Poursuites controversées
Carles Puidgemont est inculpé de «détournement de fonds publics» et, comme douze autres dirigeants indépendantistes, de «rébellion». Ce délit est passible de 30 ans de prison en Espagne.
Au total, 25 dirigeants indépendantistes ont été inculpés, dont 12 de délits moins graves comme «désobéissance». Neuf sont incarcérés et cinq, dont Carles Puigdemont, ont fui à l'étranger et sont visés par des mandats d'arrêt.
Tous sont accusés d'avoir préparé pendant des années, en ignorant tous les avertissements du gouvernement et des tribunaux, la rupture avec l'Espagne qui a débouché sur une éphémère déclaration d'indépendance.
Les poursuites pour «rébellion» restent cependant controversées, car elles supposent «un soulèvement violent» qui, selon des juristes, ne s'est jamais produit.
Espions espagnols
M. Puigdemont a été interpellé par les policiers du Land de Schleswig-Holstein alors qu'il arrivait du Danemark voisin en voiture pour rejoindre la Belgique, où il s'était réfugié fin octobre après l'échec de la sécession.
Les forces de l'ordre allemandes avaient été alertées de sa venue par le représentant de la police criminelle allemande à Madrid. D'après la presse espagnole, les espions espagnols avaient placé une balise sur la voiture du dirigeant sécessionniste.