NigeriaDeux fillettes se font exploser dans un marché
Les petites étaient âgées de 7 ou 8 ans, selon les autorités. Leur geste a faitau moins un mort et 18 blessés sur un marché très fréquenté de Maiduguri.

Deux fillettes se sont fait exploser dimanche dans un marché très fréquenté de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria. Cette attaque a fait au moins un mort et 18 blessés, au surlendemain d'un autre attentat qui avait coûté la vie à 45 personnes dans la même région.
Les kamikazes devaient avoir «sept ou huit ans», a déclaré à l'AFP Abdulkarim Jabo, un membre des milices civiles de la capitale de l'Etat du Borno qui était présent sur place. «Les fillettes sont descendues d'un pousse-pousse et sont passées devant moi sans trahir une quelconque émotion», a raconté ce témoin.
«J'ai essayé de parler à l'une d'elles en haoussa et en anglais, mais elle n'a pas répondu. Je pensais qu'elles cherchaient leur mère», a-t-il ajouté. «Elle s'est dirigée vers des vendeurs de volailles et a déclenché sa ceinture d'explosifs».
La seconde explosion a été déclenchée alors que des vendeurs du marché apportaient de l'aide aux blessés. Le gouverneur de l'Etat du Borno, Kashim Shettima, s'est rendu à l'hôpital où ont été conduits les blessés et a affirmé aux journalistes présents que ce double attentat-suicide avait fait un mort et 18 blessés.
La trace de Boko Haram
Cette attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais le procédé utilisé est celui du groupe djihadiste Boko Haram, qui a souvent eu recours à des femmes et des jeunes filles pour perpétrer des attaques contre la population.
Vendredi, au moins 45 personnes avaient été tuées et 33 autres blessées dans un double attentat-suicide mené par deux femmes sur un marché de Madagali, dans l'Etat d'Adamawa, voisin de celui de Borno. Cette ville est proche de la forêt de Sambisa, un des bastions de Boko Haram.
Le groupe djihadiste a également déjà eu recours à des enfants pour mener des attentats-suicide, en février 2015 dans la ville de Potiskum (Etat de Yobe, nord-est) et dans une double attaque manquée en juillet 2014 à Funtua (Etat de Katsina, nord). Les kamikazes étaient âgées respectivement de huit, dix et 18 ans.
Milliers de personnes enlevées
Selon les ONG de défense des droits de l'Homme, plusieurs milliers de femmes et de jeunes filles ont été enlevées depuis le début du conflit. Les 219 lycéennes de Chibok, enlevées en avril 2014, sont devenues le symbole de ces kidnappings massifs.
Boko Haram en fait des esclaves sexuelles ou des bombes humaines, tandis que les garçons et les hommes sont enrôlés de force.
Human Rights Watch a révélé début août que 10'000 jeunes garçons, «parfois même âgés de cinq ans», étaient toujours portés disparus. En novembre 2014, 300 enfants ont ainsi été enlevés à leurs parents dans la ville de Damasak, dans l'Etat du Borno.
Le nord-est du Nigeria connaît une recrudescence des attaques ces dernières semaines, notamment dans la grande ville de Maiduguri, berceau historique de Boko Haram, qui était relativement protégée depuis plusieurs mois, alors que le président Muhammadu Buhari a affirmé cette semaine en avoir «bientôt fini» avec le groupe djihadiste, lors du Sommet régional pour la sécurité à Dakar.