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VINCENT PEREZ ET FRANCK GIOVANNINIDeux Romands à Cannes

L'un est acteur; l'autre, un chef étoilé. Ils se retrouvent ensemble sur la Croisette pour le festival.

Henry Arnaud
Cannes
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Henry Arnaud
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Vincent Perez et Franck Giovannini

Vincent Perez et Franck Giovannini

Emmanuel Nguyen

Vincent Perez et Franck Giovannini se connaissaient depuis longtemps mais sont devenus amis à l'occasion du récent festival Rencontres 7e Art Lausanne (R7al). Nespresso a eu l'idée de les réunir pour mettre la Romandie à l'honneur durant le Festival de Cannes.

Vincent, que faites-vous à Cannes?

Je préside un concours où tous les courts-métrages doivent être faits avec un téléphone. Cette année le thème était: «Ces femmes qui changent les choses». Plus de 400 créateurs de 40 pays différents y ont participé.

Qu'est-ce que cela vous fait de mettre la Romandie en vedette le temps d'une soirée avec Franck Giovannini?

C'est une idée géniale! J'ai pu parler de notre festival R7al en montrant un résumé en images de la première édition alors que Franck était aux fourneaux et s'est occupé du repas gastronomique. Tous nos invités de la soirée de jeudi ont ainsi découvert l'excellence culinaire de Lausanne ainsi que ce nouveau rendez-vous cinéma qui me tient à cœur

«Cyrano de Bergerac», qui date de 1990, est projeté à Cannes dans une version restaurée. N'est-ce pas dur de vous voir à l'écran à 26 ans alors que vous en avez 53?

Cinquante-quatre dans un mois pile! Au contraire, je me sens encore jeune et, en même temps, je suis beaucoup plus construit, moins livré au hasard du destin. Je réalise, je fais des projets photos et tellement d'autres choses qui me passionnent. Quand j'étais jeune comédien, j'avais tendance à surfer sur la vague en me laissant porter au gré des propositions. Aujourd'hui, c'est moi qui crée les vagues. Je suis beaucoup mieux dans ma peau, je ne me pose plus de questions et j'avance.

Vous ne regrettez même pas votre look de «beau gosse» des années où vous tourniez énormément à Hollywood par exemple?

Aucun regret. J'ai fait beaucoup de rencontres fascinantes lorsque j'ai tourné dans des productions américaines. En même temps, soyons honnête, je n'ai pas vraiment fait de grands films durant ces années. La chose la plus positive est qu'aujourd'hui encore je travaille presque plus à l'étranger que dans le cinéma français. J'ai réussi à l'époque à me faire un petit nom au niveau international.

Justement, vous avez tourné récemment en Australie, au Canada, vous étiez en Russie pour un projet photos… sans oublier Lausanne, bien sûr, pour votre festival. Comment vous organisez-vous?

J'ai une femme exceptionnelle (ndlr: la scénariste, réalisatrice et ex-top model Karine Silla, qu'il a épousée en 1998). L'an passé, j'ai fait quatre fois le tour du monde pour mon travail et c'était beaucoup trop. Heureusement que je peux compter sur mon épouse car ça n'est jamais facile pour nous de voyager tous ensemble en raison de l'année scolaire et des activités de chacun.

Vous avez une fille adulte et deux grands ados. Quel genre de père est Vincent Perez?

Je suis un papa cool mais strict au niveau de l'éducation. J'ai toujours appris à nos enfants à prendre leur avenir en main, dans le travail scolaire notamment. J'ai de la chance car mes enfants sont tous les trois des bosseurs, enfin tous les quatre, car j'ai aussi une belle-fille (ndlr: Roxanne, 26 ans, dont le père est Gérard Depardieu). Chacun a une vraie passion, ce qui rend mon rôle de père beaucoup plus simple car ils n'ont pas besoin de moi pour se motiver.

Votre fille aînée de 19 ans, Iman, suit vos traces dans la comédie, mais elle est aussi mannequin. Essayez-vous de lui éviter les pièges de la mode ou de la célébrité?

Ma fille est tellement structurée dans sa tête qu'elle mérite toute notre confiance. Au-delà de la mode, Iman est surtout une cavalière. C'est une rigueur de travail qui est hallucinante.

Est-ce qu'elle tient cette rigueur de travail de vous?

Possible. Quand mon père appelait le Conservatoire de Lausanne ou celui de Paris pour demander de mes nouvelles, on lui disait que j'étais l'un des élèves qui bossait le plus. Il n'avait pas à s'inquiéter. C'est pareil avec ma fille.

Vous avez des jumeaux de 15 ans, une fille, Tess, et un garçon, Pablo. Seront-ils artistes?

Non, mon fils veut devenir joueur de basket professionnel et il va entrer à la Putnam Science Academy cette année, qui est la plus grande école de basketball des États-Unis. Il nous quitte. Ça va être dur pour lui et très dur pour nous de le savoir aussi loin, mais il sait ce qu'il veut et mon rôle est de le soutenir.

Et votre fille Tess?

Tess est celle qui est la plus proche de nous. Sa passion à elle, c'est le chant. Elle a d'ailleurs chanté durant la cérémonie d'ouverture de notre festival de Lausanne au Capitole.

Quels sont vos projets pour le reste de l'année?

J'ai une grande nouvelle pour vous: je pars en Chine bientôt pour faire un troisième film avec Sophie Marceau. D'ailleurs mon look et ma barbe actuelle, c'est pour les besoins de ce long-métrage. Après «Fanfan» en 1993 et «Je reste» en 2003, nous allons nous retrouver pour une très grosse production chinoise. Sophie est une amie et une partenaire de rêve. Elle est toujours aussi belle et notre duo fonctionne bien.

À quand le retour de Vincent Perez réalisateur?

J'espère d'ici à la fin de l'année. Mon script est terminé et nous sommes en train de travailler sur son financement. Il s'agira d'un thriller psychologique, mais je ne peux pas en dire davantage.

«JE NE SORS QUE RAREMENT DE MA CUISINE»

Après Vincent Perez, nous avons interviewé Franck Giovannini, chef étoilé de l'Hôtel de Ville de Crissier.

Comment avez-vous été sélectionné pour cette soirée de gala à Cannes?

C'est un immense honneur pour moi d'être ici car la vérité est que je sors rarement de ma cuisine (rires). Nespresso m'a contacté pour organiser une soirée «Chef à la carte» pour mettre en vedette la Romandie. J'ai donc fait une exception pour eux et pour Vincent Perez, qui est un ami.

Pourquoi?

Contrairement à beaucoup d'autres chefs, quand on vient dans mon restaurant, on sait que je suis là pour cuisiner. Nous avons trois étoiles Michelin et 19/20 au Gault&Millau. Cela demande un travail de précision au quotidien.

Êtes-vous fan de cinéma?

Et comment! Nous n'avons pas beaucoup de célébrités qui viennent jusqu'à nous pour un repas, mais j'ai été impressionné de rencontrer Christopher Walken lors du festival R7al. Il a été charmant et un vrai amateur de cuisine! Ma femme a croisé un jour Al Pacino dans un ascenseur à Cannes. Il est mon favori et un comédien pour qui j'aimerais cuisiner un jour.

Qu'avez-vous prévu à Cannes?

J'ai adapté plusieurs de mes plats pour y incorporer du café. Nous avons essayé une recette d'asperges blanches avec une sauce au café que nos convives devraient adorer. Sinon, je ne vais pas traîner sur la Croisette car nous sommes complets à Crissier tout le week-end et hors de question de décevoir nos clients; je retourne dans ma cuisine dès aujourd'hui!

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