Coronavirus: Deuxième vague: des soignants mieux préparés mais plus fatigués

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CoronavirusDeuxième vague: des soignants mieux préparés mais plus fatigués

Solidaires, de nombreux établissements de santé privés accueillent les patients Covid provenant d’hôpitaux surchargés. Reportage à la clinique La Lignière à Gland (VD) qui s’est adaptée pour accompagner des malades en rémission.

Fabio Dell'Anna et Laura Juliano
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Fabio Dell'Anna et Laura Juliano

La clinique La Lignière à Gland (VD) prête main-forte au Groupement Hospitalier de l'Ouest Lémanique en accueillant des patients atteints du Covid-19.

Laura Juliano / Le Matin

«En tant qu’institution de réadaptation, nous vivons toujours la vague une dizaine de jours après les autres. Le pic n’a pas encore été atteint ici, c’est pourquoi nous avons encore besoin de soutien», déclare le directeur général de la clinique La Lignière, à Gland (VD), Mattia Benini. Alors que le nombre de nouveaux cas se stabilise suite aux mesures prises par les cantons, les hôpitaux restent surchargés. Pour les soulager, plusieurs établissements ont décidé de transformer une partie de leur enceinte pour accueillir des personnes touchées par le coronavirus.

«Ce n’est pas une obligation, mais bien un choix d’aider notre région. Nous travaillons en coordination avec le Groupement Hospitalier de l'Ouest Lémanique (ndlr.: GHOL). Cette collaboration entre le public et le privé est essentielle et dure depuis des années», souligne-t-il. En effet, La Lignière est avant tout un centre de traitement et de réadaptation. Mais, depuis la première vague, elle a ouvert une unité sécurisée pour les patients Covid en rémission. Pour le moment, deux zones de confinement ont accueilli 13 patients.

Mattia Benini signale que la période actuelle est plus compliquée que celle en début d’année. «Nous sommes en flux tendu au niveau de l’organisation. Nous avons constaté qu’il y a une plus haute contamination chez le personnel. Comme partout en Suisse. Cela rend la prise en charge plus difficile», dit-il. Actuellement, sur 320 collaborateurs il y en a 14 positifs et 1 en quarantaine. «Les équipes sont plus fatiguées, mais je tiens à les remercier. Tout le monde se donne à fond.»

Beaucoup d’intérimaires viennent en renfort

Une information confirmée par Nathalie Walther, infirmière responsable du service de soins de réadaptation neurologique, orthopédique et rhumatologique. «En début d’année, nous n’avions eu que deux infirmières malades. Aujourd’hui, il y en a deux en continu. Le directeur des soins ainsi que des médecins ont été aussi touchés. Cela devient compliqué, car il faut gérer tous les postes», confie-t-elle avant de préciser que les absences peuvent aller de dix jours jusqu’à plusieurs mois. «Une de nos collègues n’est pas bien depuis deux mois et son état ne s’améliore pas. Pourtant, elle est jeune.»

Heureusement, l’établissement travaille avec beaucoup d’intérimaires et bénéficie de l’expérience de la première vague. «Nous avons le matériel nécessaire et nous savons comment agir. De plus, les intérimaires nous aident un maximum. Mais tout ce qui est administratif retombe sur l’équipe et demande des heures supplémentaires. C’est fatigant.»

Malgré les difficultés, Nathalie Walther affirme garder le moral pour que les patients retournent aussi vite que possible en bonne santé chez eux. «Après avoir quitté les soins intensifs et le GHOL, un patient Covid va rester environ trois semaines ici. Il faut savoir que les malades sont souvent déconditionnés et dénutris. Ils ont beaucoup maigri et sont exténués. Il y a un long travail avec les physiothérapeutes. L’isolement a également une grande incidence sur leur santé mentale. La convalescence des personnes âgées prend plus de temps et ils ont besoin de bouger», décrit-elle et précise qu’il n’y a aucun droit de visite sauf pour les cas d’extrême urgence.

Désinfection trois fois par jour

Il y a un visage que les patients voient souvent: celui de Cristina Monteiro, responsable du service de l’intendance et de l’accueil. Avec son équipe de 24 personnes (dont 4 positives en ce moment), elle s’occupe notamment de changer les lits et de désinfecter les chambres. «Nous travaillons en binôme sauf dans la partie Covid, afin d’éviter de propager le virus», dit-elle avant de nous souffler l’avoir elle-même contracté. «Nous avons accentué la fréquence de nettoyage cette année. Par exemple, les poignées de portes et les interrupteurs sont désinfectés trois fois par jour. De même pour les lieux en commun.»

Face à cette deuxième vague plus éprouvante, elle tient à rappeler que les soignants ne sont pas les seuls héros du moment: «Notre service est également un réel soutien, c’est important de montrer qu’une bonne communication entre le corps soignant et notre support est nécessaire pour lutter contre cette pandémie.»

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