Suisse: Devra-t-on regarder les films en VO à la TV?

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SuisseDevra-t-on regarder les films en VO à la TV?

Une parlementaire veut que la SSR diffuse les films et les séries qu'elle achète en langue originale. Ceci pour améliorer le plurilinguisme.

par
Christine Talos

La Suisse est très fière de son plurilinguisme. Mais elle ne l'exploite pas assez, estime la conseillère nationale Andrea Gmür-Schönenberger (PDC/LU). Du coup, elle vient de déposer une motionà Berne pour que la Suisse utilise mieux ce potentiel. Elle propose donc que la SSR diffuse les films et les séries étrangères en version originale (vo) et ses propres productions dans les quatre langues nationales.

Pour la parlementaire, les Helvètes sont doués en langue. «Mais les Scandinaves ou les Hollandais parlent nettement mieux anglais que nous», fait-elle remarquer dans son texte. La cause en serait, selon elle, que dans les pays nordiques, la télévision ne double pas les films étrangers, contrairement à la Suisse, l'Allemagne, l'Italie ou la France, explique-t-elle dans sa motion. Quant aux téléspectateurs qui n'arrivent pas à comprendre les dialogues en vo, ils peuvent se rabattre sur les sous-titres.

Moins cher

En d'autres termes, souligne la Lucernoise, les pays scandinaves se servent de manière indirecte mais efficace des films et séries comme des cours de langue. Autre avantage selon elle: diffuser les longs-métrages en vo coûterait moins cher puisqu'il n'y aurait pas besoin de les doubler. Quant aux sous-titres, ils sont nettement moins onéreux qu'une vraie synchronisation.

La motionnaire va plus loin. Elle voudrait que la version originale s'applique non seulement aux films et séries mais aussi aux émissions suisses diffusées aux heures de grande écoute, à l'image des journaux télévisés. «Je m'énerve quand j'entends par exemple le président Alain Berset s'exprimer en français et être doublé en allemand», confie-t-elle au Blickmercredi.

Andrea Gmür-Schönenberger, qui a enseigné le français et l'anglais à l'école secondaire, est persuadée que sa motion permettra d'améliorer et d'encourager l'apprentissage des langues chez les enfants et les ados notamment. «Ceux-ci regardent la télévision dès leur plus jeune âge. Autant utiliser le temps passé derrière l'écran de manière judicieuse», estime-t-elle.

Vraiment utile?

Sa motion sera-t-elle vraiment utile à l'heure où de moins en moins de jeunes regardent des films la télévision au profit de Netflix par exemple? La Lucernoise rétorque que la SSR a clairement un mandat éducatif et qu'elle pourrait peut-être donner ainsi l'exemple à d'autres télévisions.

Du côté de la SSR, on souligne que le fait de ne pas doubler un film ou une série ne permettrait que peu d'économies. En outre, le public peut déjà choisir aujourd'hui de les regarder en version originale ou en version doublée avec les sous-titres.

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