PolitiqueDidier Burkhalter et sa femme élus à la présidence
Didier Burkhalter devient président de la Confédération, mais les regards se tournent vers sa femme, Friedrun Sabine. Il faudra compter sur une présidence en couple.
- par
- Cléa Favre et Eric Felley
«Austère», «sérieux», «protocolaire», «qui ne se donne pas en spectacle», «crédible»… Voilà les mots qui tournent en boucle pour qualifier le nouveau président de la Confédération pour 2014. Didier Burkhalter, à la tête du Département fédéral des affaires étrangères depuis janvier 2012, est officiellement élu par les Chambres fédérales aujourd'hui à l'âge de 53 ans.
Mais outre sa manière d'être, tout en retenue, c'est le couple que le libéral-radical forme avec Friedrun Sabine qui est la cible des commentaires au Palais fédéral. Mariée depuis 27 ans, celle-ci avait déclaré à Blick au lendemain de l'élection du Neuchâtelois au Conseil fédéral: «Je suis fière de lui.» Depuis, elle a multiplié les déplacements à ses côtés, probablement plus qu'aucun autre conjoint auparavant. Ce qui vaut aux Burkhalter la réputation d'être un couple fusionnel. Et fait parfois jaser.
Quelle influence?
«Qui est dans l'ombre de qui? Qui porte le pantalon?» s'emporte Christophe Darbellay (PDC/VS). «Elle est toujours là à ses côtés. Elle le rassure? Elle l'influence?» C'est bien la question du rôle que joue Friedrun Sabine dans le mandat de son mari qui est posée. A-t-elle d'une façon ou d'une autre un ascendant sur Didier Burkhalter? Difficile à dire, pour Jacques-André Maire (PS/NE). «La connaissant un petit peu, je peux dire qu'elle est très intéressée par ce que fait son mari, avec sa sensibilité. Autrement, c'est une mère au foyer qui a élevé trois garçons. Ils avaient déjà un côté fusionnel avant qu'il soit au Conseil fédéral. A la Fête des vendanges à Neuchâtel, ils sont toujours ensemble, très proches.»
Une conseillère nationale, qui préfère rester discrète, se montre plus sévère. Elle trouve par exemple que Friedrun Sabine devrait faire attention à rester à sa place, notamment sur les photos officielles, où elle se mettrait un peu trop en avant, «comme si c'était elle la politicienne».
Malgré la place importante qu'elle occupe aux côtés du nouveau président de la Confédération, Friedrun Sabine ne peut tout de même pas être qualifiée de First Lady à l'américaine. «Michelle Obama profite de déplacements de son mari pour participer à des manifestations caritatives, en fonction de combats qui lui sont propres. Sabine Friedrun non», analyse la Neuchâteloise Sylvie Perrinjaquet (PLR). «C'est lui le conseiller fédéral, madame l'accompagne. Chacun a sa position», ajoute-t-elle.
«Un choix privé»
Si certains parlementaires se montrent critiques, d'autres se moquent complètement de cette présence marquée. «Ces critiques me font rire, réagit Adèle Thorens (Verts/VD). C'est un choix privé de Didier Burkhalter et de son couple. Je ne juge pas son travail au regard de la présence ou l'absence de son épouse à ses côtés. Et puis c'est parce qu'on la voit qu'on se demande quelle influence Sabine Friedrun exerce sur lui. Mais d'autres élus sont conseillés par leur femme, alors que celle-ci reste invisible.» La coprésidente des Verts ajoute qu'il n'y a d'ailleurs aucune honte à avoir une famille et à l'afficher.
Ce mercredi, la fête autour de l'élection de Didier Burkhalter sera courte, puisque le nouveau président de la Confédération s'envolera plus tard dans la journée vers l'Ukraine. Avec peut-être son épouse.