Berne: Discrimination: les deux cadres de l'UDC sont condamnés

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BerneDiscrimination: les deux cadres de l'UDC sont condamnés

Les deux prévenus comparaissent dans l'affaire de l'annonce de l'UDC intitulée «Des Kosovars poignardent un Suisse!».

L'annonce de l'UDC affirmant que «Des Kosovars poignardent un Suisse!» faisait partie en 2011 de la campagne du parti contre l'immigration de masse.

L'annonce de l'UDC affirmant que «Des Kosovars poignardent un Suisse!» faisait partie en 2011 de la campagne du parti contre l'immigration de masse.

Archives/photo d'illustration, Keystone

Le secrétaire général de l'UDC Martin Baltisser et sa suppléante Silvia Bär ont été condamnés jeudi à une peine pécuniaire avec sursis pour discrimination raciale. Ils ont été reconnus coupables dans l'affaire de l'annonce de leur parti intitulée «Des Kosovars poignardent un Suisse».

L'expression dans le titre de l'annonce constitue une généralisation inadmissible et indifférenciée, a estimé la juge unique du Tribunal régional de Berne en rendant son verdict. L'annonce, publiée en 2011, faisait référence à une agression survenue à Interlaken (BE). Un lutteur suisse avait été grièvement blessé au couteau par un Kosovar.

Climat hostile

Pour le tribunal, les deux cadres de l'UDC ne pouvaient pas ignorer que la publication de cette annonce pouvait créer un climat hostile envers les Kosovars. Lors de l'audience, les deux prévenus avaient réfuté les accusations de discrimination raciale.

Martin Baltisser a affirmé n'avoir jamais exprimé ou même eu des pensées racistes. Pour sa collègue, l'UDC n'avait pas l'intention de discriminer quelqu'un, mais a voulu dénoncer des agissements criminels.

Agression d'Interlaken

Silvia Bär a répété que son parti ne voulait pas mettre tous les Kosovars dans le même panier, mais seulement évoquer l'incident qui s'est déroulé à Interlaken.

Des arguments repris par l'avocat de la défense qui a souligné dans sa plaidoirie que ce texte incriminé ne visait pas un groupe de la population, mais des criminels étrangers. Il a déclaré que cette annonce faisait uniquement référence à l'agression survenue à Interlaken.

Absent de l'audience, le Ministère public avait requis contre les accusés des peines pécuniaires avec sursis. L'avocat des parties civiles, deux Kosovars qui ont déposé plainte en vertu de la norme pénale antiraciste, a demandé que les responsables de l'UDC soient reconnus coupables.

Minorité visée

L'avocat a qualifié l'annonce de l'UDC de terriblement méprisante, ajoutant qu'elle avait suscité à l'époque une vague d'indignation. Il a estimé que le texte s'en prenait à une minorité, les gens issus du Kosovo.

Les annonces avaient été publiées lors de la discussion sur la mise en oeuvre de l'initiative sur le renvoi des criminels étrangers et peu après le lancement de la récolte de signatures en faveur de l'initiative contre l'immigration de masse.

L'UDC Suisse a exprimé son inquiétude après la condamnation jeudi de deux de ses cadres pour discrimination raciale. Pour le parti, il s'agit là d'un verdict politique qui constitue selon lui une atteinte grave à la liberté d'opinion.

L'UDC dénonce un jugement politique

L'UDC va décider d'un éventuel recours après avoir pris connaissance de la motivation écrite du jugement. «Il semble qu'il ne soit plus permis de décrire un événement réel tel qu'il s'est produit», écrit l'UDC dans un communiqué. Pour le parti, la norme pénale contre le racisme a été «abusée à des fins politiques pour étouffer des opinions gênantes».

L'annonce, publiée en 2011, faisait référence à une agression survenue à Interlaken (BE). Un lutteur suisse avait été grièvement blessé au couteau par un Kosovar.

(ats)

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